Étage désert de l'hôpital Ambroise Paré

Cymoril, durant leur chute, avait bien cru y laisser sa vie et celle de Faust mais cela n'avait pas été le cas. Elle avait vu Méphistophélès tenter une nouvelle fois de la tuer puis s'effondrer, reprenant figure humaine.
Cymoril avait alors cédé à l'effroi en voyant Faust se vider de son sang tout en semblant dormir. Elle s'était néanmoins vite ressaisie et l'avait saisi dans ses bras, le soulevant du sol. Il ne pesait pas très lourd pour la Monarque qu'elle était et courant le plus vite possible, c'est à dire à une vitesse que la plupart des humains ne pouvaient percevoir.
Elle l'amena ainsi à l'hôpital Ambroise Paré, nommé d'après un vieil ami à elle. Ce n'était pas au service des urgences proprement dit vu qu'elle ne se voyait pas présenter Faust à des médecins tout en leur expliquant sans les traumatiser que les humains n'étaient pas seuls sur terre mais à un étage déserté. En effet, l'hôpital n'avait pas eu les fonds nécessaires pour le remettre aux normes et il avait donc été abandonné, pour le plus grand profit de Cymoril.
Elle s'y introduisit par une des fenêtres et allongea doucement Faust sur un ancien lit. Néanmoins, elle prit la précaution de l'y attacher avec diverses sangles qui trainaient par là. Elle partit ensuite en exploration dans l'hôpital et revint rapidement avec un matériel de transfusion et un nécessaire pour recoudre les blessures. Durant la demi-heure qui suivit, elle recousit méthodiquement les différentes plaies de son ancien amant. La partie la plus difficile fut sans doute d'extraire une certaine quantité de son sang pour le transfuser dans les veines de Faust mais elle serra les dents...
Enfin, Cymoril arrêta son activité d'infirmière et s'assit au chevet du Monarque. Elle attendit, se demandant à qui elle aurait affaire au réveil de Faust, à son ancien amant, à Méphistophélès ou bien encore à autre chose.
Elle soupira et posa sa main sur celle de Faust.

Le coeur de Cymoril se serra si fort que c'en fut presque douloureux mais la cause en était une joie aigüe qui se répandit dans tout son être. Elle avait assisté au réveil de Faust et avait compris qu'il était de retour, pour de bon. Bien qu'il paraisse étrangement faible, il l'enlaça et Cymoril se blottit contre lui, posant sa tête dans le creux de son épaule.
- Ne soyez pas désolé. Jamais. Tout ceci est uniquement ma faute. Si je n'avais pas renié mes sentiments et les vôtres, cela ne se serait jamais produit... J'aurais dû prendre conscience de à quel point je vous aimais... Je...
Cymoril se tut, se contentant de pleurer doucement, toujours dans l'épaule de Faust. Enfin, elle s'écarta de lui et le regarda droit dans les yeux.
- Je ne sais si j'arriverais toujours à combattre cette nouvelle folie qui rôde dans mon esprit mais j'essayerai, de toutes mes forces et de toute mon âme. Je vous en fais le serment. Et vous m'aiderez, n'est-ce pas ? Je vous en prie.
Elle le regarda encore et ajouta soudain :
- Allez-vous bien ?

- Peu importe, répondit Cymoril avec un doux sourire. Peu m'importe. Vous êtes Faust et je vous aime.
Elle se mit alors à répondre au baiser de Faust avec une passion croissante.
Aimez-moi, ne m'abandonnez pas.
Il leur restait encore tant à faire : retrouver la trace d'Armada et contrecarrer ses plans, empêcher Alexander de retrouver Diva, mettre Morio Toki hors d'état de nuire. Tant...
Cymoril s'en moquait éperdument. Elle était bien où elle était, si bien. Pour rien au monde, absolument rien, elle n'aurait quitté les bras de Faust.

Sentant les doutes de son compagnon, Cymoril lui chuchota au creux de l'oreille :
- Si tu m'aides à rester moi-même, je serai forte pour deux. J'ai tant besoin de toi...
Elle ne mentait pas. À chacun de ses battements de coeur, les serpents de sa folie menaçaient encore et toujours de lui déchirer l'âme. Seuls son amour pour Faust et son devoir de presque chevalier lui permettaient de ne pas lâcher prise. Elle enlaça Faust encore plus étroitement, lui rendant ses baisers et ses caresses.
- Et maintenant ? Que devons-nous faire ? lui demanda-t-elle sans la moindre conviction.
À vrai dire, Cymoril n'avait pas la moindre envie de se remettre immédiatement en chasse. Cela s'avérerait cependant nécessaire dans peu de temps. Le monde extérieur ne les attendait pas pour continuer son cortège de malheurs et de problèmes insurmontables...

Cymoril se blottit contre Faust et lui sourit tendrement. Ses yeux s'illuminèrent au fur et à mesure que Faust parlait. Elle souriait. Jamais elle n'aurait cru qu'une telle joie serait possible.
- Je serai à tes côtés, murmura-t-elle. Toujours.
Une vie éternelle de bonheur et de paix. Était-ce possible ? Oui. Il était temps pour elle de déposer les armes. Il était temps d'être heureux.
- Je voudrais quitter cet endroit, sourit-elle. Nous pourrions aller vivre dans un endroit paisible. J'aimerais bien retrouver mon vieux château. Avec un peu de chance, les villageois aux alentours nous laisseraient tranquille.
La campagne était belle, là-bas, et déserte. S'ils restauraient une partie du manoir, ils pourraient y être parfaitement bien. C'était un but qui pourrait s'avérer bien meilleur qu'un quelconque autre. Du moins si Faust l'acceptait...
- Qu'en penses-tu ? Oh, retourner enfin chez moi et redonner sa mémoire à ma famille...