Allée de la joie... Ou de la tristesse?

Et voilà... Jamais Harima n'aurait cru revoir ce paysage. Et c'est pendant que le taxi qui l'avait amené jusqu'ici repartait que le jeune homme regardait cette allée d'un air surprit: Apparemment, le temps n'avait pas vraiment eut d'emprise sur cet endroit... Oh bien sûr, certaines maisons ou autres avaient été construit, mais cela ne déformait en rien le paysage, et dans chaque recoin, le jeune Schiff se revoyait, courant et gambadant partout, avec ses anciennes amies. Que leur dire? Que faire comme signe? Devait-il sourire? Devait-il pleurer et s'excuser? Honnêtement, Harima n'en savait rien, et il savait que même après avoir cherché une éternité, il n'aurait en aucun cas une réponse.
Pourtant, une autre raison le poussait à ne pas faire le premier pas, en effet, le jeune homme était déchiré entre ses souvenirs et ce qu'il venait de faire à Hana, tout en sachant que cette dernière pouvait être blessée par son attitude. Mais lui même n'était pas sûr!

*Je ne me connais même plus... Pourquoi est-ce que tout devient si compliqué?*

C'est vrai, Harima aurait tellement aimé revenir à l'époque où il n'hésitait pas, à celle où tout était si simple dans cette vie... Pas d'amour, pas de tristesse, pas de problème, juste s'amuser? Tch, il savait bien que c'était impossible! De toute façon, s'il osait réapparaître devant Misuzu sans parler à Hana, Harima savait très bien que son ami ne lui pardonnerait pas. Donc, il se devait d'agir, comme il aurait dû le faire dès le début. C'est pourquoi notre jeune ami attendit quelques secondes avant de parler à sa compagne, de sorte à ce que les autres ne puisse les entendre.

"Dis moi, ma chér... Hana, cette fois-ci, ne fais plus comme dans la voiture, et dis moi vraiment ce que tu ressens... Qu'est-ce que tu penses de tout 'ça'? "

Par 'ça', le jeune homme voulait parler de la situation présente, et il voulait entendre les vraies pensées d'Hana, celles qu'elle avait retenu dans la voiture. En effet, s'ils n'étaient jamais venus ici, jamais Harima n'aurait douté de ses sentiments, et jamais leur vie de coupe n'aurait été menacée? Hana elle même était-elle conscience que la rencontre avec son amie d'enfance allait peut-être tout faire voler en éclats?
Après tout, peut-être qu'ils n'étaient pas fait pour être ensemble?

Apparement ils venaient d'arriver puisque la voiture s'était arrêtée. Hana aussi était comme figée, elle ne bougeait pas. Elle avait commencé le voyage réjouie, et maintenant elle ne voulait plus quitter cette voiture, elle voulait revenir en arrière, elle aurait voulu ne jamais s'engager là. Elle eut envie de dire qu'elle rentrait, qu'elle avait changé d'avis, de demander à Harima de ne pas y aller, et aussitôt elle eut aussi envie de se gifler. C'était si important pour lui... Elle voulait qu'il soit heureux non? Alors pourquoi est-ce qu'elle pensait ainsi? Elle se sentait affreusement méchante et dégoûtée par elle-même.
Elle finit donc par sortir de la voiture non sans quelque appréhension, revêtant sa cape avec une sensation bizarre. Mais elle était contente, cette cape cachait un peu son visage, si les larmes revenaient elle pourrait les cacher... D'un autre côté elle pensa que Misuzu ne devait pas avoir de cape, ni d'affreuses pensées à cacher, et elle se sentit soudain terriblement insignifiante, de nouveaux monstrueuse... Pourquoi était-elle condamnée à se cacher du soleil..?
C'est alors qu'Harima lui adressa la parole, tout bas, mais elle ne s'y attendait pas et elle sursauta presque tellement elle s'était sentie seule l'espace d'un instant...

"Ah.. Euh... Eh bien... Je ...."

Elle ne savait pas trop quoi lui dire... Elle ne voulait pas qu'il connaisse les horribles doutes qui la rongeaient, mais en même temps si elle lui mentait maintenant elle touchait véritablement le fond...
Alors sans pouvoir résister elle se jeta contre lui pour s'appuyer le plus possible contre lui et tant qu'à faire d'être honnête autant l'être jusqu'au bout, elle laissa même ses larmes sortir. Elle se serrait fort contre lui, elle voulait le sentir là, proche d'elle.

"J'ai peur... Peur de te perdre... Mais en même temps... C'est si important pour toi, et je veux que tu sois heureux... Je ne sais plus... Je ne sais plus quoi penser... Je veux te faire confiance, mais j'ai peur... Et puis tu as prononcé son nom... Et le fait que tu aies insisté pour que notre fille porte ce prénom... Je... Simplement je t'aime moi... Et sans toi... Non! Jamais sans toi... Jamais..."

En guise de réponse, Harima ne s'était pas du tout attendu à avoir une réponse physique, avant des paroles. En effet, Hana venait de se blottir contre lui, et le jeune homme ne savait pas comment réagir. Peut-être attendait-elle que celui qu'elle aimait le prenne dans ses bras, qu'il la console, lui dise qu'il l'aimait? Sans doute... Alors pourquoi ne faisait-il rien de tout ça? Car le jeune Schiff continuait de regarder le sol d'un air furieux: Furieux contre lui même, ne pouvant se décider.
Pourtant, une chose lui permit de prendre sa décision: Alors que la jeune femme s'était jetée contre lui et versa les larmes qui l'habitaient depuis tout ce temps, le jeune homme avait touché inconsciemment les mains de cette dernière. Sa peau, elle lui avait rappelé un évènement spécial au sein de la mémoire du jeune homme.
Et c'est pourquoi ce dernier se sépara tout doucement d'Hana, plus pour ne pas la blesser que pour ne pas la brusquer. Gardant la tête baissée, le jeune homme ne pu que murmurer dans un souffle:

"Je suis désolé Hana... Désolé pour tout..."

Ca y est, il avait prit sa décision. Et même si celle-ci se traduisait par la brisure du lien qui l'unissait à celle qu'il tenait le plus au monde depuis tout ce temps, plus rien ne l'aurait plus fait changer d'avis. C'est pourquoi il regarda l'allée qu'il venait d'aborder avec un sourire sur les lèvres. Il pouvait maintenant aller à la recherche de son passé sans être miné par les doutes. Et à bien y regarder, chaque mur, chaque arbre était pour lui un souvenir: A tel ou tel endroit, le garçon avait cassé telle ou telle chose... C'était des preuves qu'il avait existées, et il venait de le comprendre.

__________
Par ailleurs, après avoir quitté la jeune Schiff sans un mot, Harima était parti à la recherche de ses amies d'enfance, ou tout du moins de quelqu'un qui les connaissaient. Mais ce fut à ce moment là qu'il vit enfin une personne qu'il connaissait! Recherchant dans son esprit le nom de cette dernière, le jeune homme l'appela d'une voix forte et joyeuse.

"Naeno! Eh Naeno, c'est toi?"

Apparemment, il venait d'interpeller une petite fille, qui ne réagit pas à ses appels, comment cela pouvait-il être possible? Ils ne s'étaient jamais vraiment parlés, c'est vrai, mais pourtant il était impossible qu'elle ne puisse le reconnaître? Oui... Elle ne devait pas l'avoir entendu, c'est tout!
Pourtant, à cet instant précis, une vieille dame apparue à la fenêtre de sa maison, comme venue de nulle part, et appela la même petite fille qui était en train de jouer avec ses amis.

"Naena, peux-tu venir? Il faudra m'aider à étendre le linge..."

Pourtant, la vieille dame fixa Harima qui semblait 'avoir des vues' sur la petite fille... Que voulait-il donc? C'est pourquoi elle l'interpella, d'une voix toutefois assez dure.

"Monsieur, puis-je vous aider? Mon aide sera sûrement plus concluante que celle de ma petite-fille, n'est-ce pas?"

Devant une telle froideur, qu'aurait pu répondre Harima? Mieux valait en effet parler à cette vieille chouette plutôt qu'à sa vieille amie. Mais... Cette dame, il ne se souvenait pas d'elle, pour des raisons qui lui échappaient. Naeno n'avait pas de grand-mère lors de son départ, ou peut-être que cette dernière était venue s'installer entre-temps... Oui, ce devait être sûrement ça!

"Hem... Oui je crois, en fait je cherche d'anciennes amies, et je crois qu'elles sont toujours dans ce village, elles se nomment Misuzu, Minagi et Michiru, peut-être les connaissez-vous?"

*Naeno... Naena?!*

A l'écoute de ces prénoms, la petite vieille sursauta, et fixa Harima avec des yeux persans: La pauvre n'avait pas ses lunettes, et ne pouvait donc pas le discerner. Pourtant, elle prit sur elle même et répondit au jeune homme, d'une voix grave dans son discours.

Grand-mère:"Bien... Oui, je sais où elles sont. Toutes trois sont restées au même endroit depuis toutes ces années, et vous les trouverez au bout de cette allée, en tournant à droite, c'est juste en face."

Enfin... Enfin il avait sa réponse, enfin on venait de lui apporter le renseignement qu'il cherchait depuis toutes ces années! A cette pensée, Harima alla même jusqu'à serrer les mains de façon affectueuse à cette personne, et en s'illuminant d'un sourire, se hâta de partir à l'endroit indiqué. Entre-temps, la vieille dame eut tôt fait de prendre ses lunettes pour mieux voir ce jeune homme si fougueux, tout en se faisant aborder par sa petite fille qui venait chercher des conseils.

Petite fille:"Grand-mère Naeno, où est-ce que je mets cette pile là? Ce sont les anciennes affaires de Maman..."

...
Qu'est-ce qu'elle venait de dire, quel nom avait été prononcé par cette fillette?! N'osant croire ses oreilles, Harima fixait la vieille dame, et n'en crut pas ses oreilles... Alors c'était elle Naeno? Pas étonnant qu'il ait confondu la fillette puisqu'elle semblait être sa petite fille. Mais non... Ne voulant pas comprendre, ayant même peur de comprendre, Harima se mit à courir, sans se retourner vers la direction indiquée, s'il se souvenait bien, c'était la place du...

Petite fille: "Grand-mère, pourquoi tu pleures...?"

Oh oui, cette grand-mère si aimante venait de comprendre qui était ce jeune homme, et elle ne pouvait se retenir d'avoir de la peine pour lui. Car elle savait que dans les minutes qui suivraient, celui-ci allait avoir plus de peine qu'il n'en eut dans sa vie. Toutefois, son rôle était sûrement terminé dans l'histoire de celui qu'elle avait aimé en secret, et c'est avec des paroles rassurantes qu'elle parti à l'intérieur, aider sa petite fille à tout ranger, comme d'habitude depuis plus de 50 ans...
_________

Envie de pleurer, envie de rire, envie de crier, envie de casser, envie de se tuer, envie de comprendre, envie de revenir en arrière, envie d'en finir, envie d'être aimé, envie de partir, envie de ne plus ressentir toutes envies.
Tout cela se bousculait dans l'esprit d'Harima, car celui-ci était maintenant devant trois tombes, dans le cimetière d'un village qu'il ne connaissait que trop bien, dans un village qu'il aurait voulu toujours connaître. Oui, ces trois tombes étaient celles qu'il aurait voulu ne jamais voir, celles qu'il n'aurait jamais cru voir... Celles de Misuzu, Minagi, et Michiru, ses meilleures amies, et peut-être plus.
Quelques minutes s'étaient d'ailleurs écoulées, et le jeune homme venait de faire de l'ordre dans ses pensées. Par ailleurs, seule une bête subsistait en lui, celle qui criait 'moi' en lui, celle qui posait la question qui le faisait crier en larmes, les larmes des souvenirs...

"Mais depuis combien d'années, suis-je parti?! DEPUIS COMBIEN DE TEMPS LES AI-JE ABANDONNE?! REPONDEZ MOI, REPONDEZ MOI, REPONDEZ MOI JE VOUS EN SUPPLIE..... REPONDEZ MOI JE VOUS DIS!"

S'écroulant sur le sol, le jeune homme était en larmes. Car de tout les coups durs qu'il avait eut dans sa vie, de tout les malheurs qu'il avait pu subir, celui-ci était le plus lourd, oh oui... Comme il aurait aimé leur parler une dernière fois, comme il aurait adoré leur dire combien il tenait à elles, et combien il voulait voir celles que le jeune homme considérait comme ses meilleures amies.... Malheureusement, ce droit venait de lui être enlevé. Et il restait une dernière chose qu'Harima aurait voulu avouer à Misuzu...

"Misuzu... Je suis désolé, mais c'est Hana que j'aime..."

Ces murmures étaient sortis de sa bouche, comme si le jeune homme espérait que ces mots puissent atteindre la fillette de ses souvenirs, à travers sa tristesse.

Désolé... Désolé? C'était tout!? Et déjà il partait, sans se retourner, vers le chemin qui le mènerait à ses amies d'enfance, et cette Misuzu... Hana resta un instant sans bouger, atterée, avant de se laisser tomber à terre. Alors c'était tout... Tout ce qu'elle représentait pour lui... Elle avait cru qu'elle valait autant pour lui qu'il ne valait pour elle... Mais comment avait-elle pu se tromper à ce point...? Distraitement elle se rendit compte qu'elle avait tracé du bout du doigt un coeur sur la terre sableuse où elle se trouvait. Elle fut prise d'un rire nerveux accompagné de quelques larmes avant d'effacer rageusement le dessin pour n'en laisser plus qu'une trace informe faite de lignes désordonnées. Ah elle devait avoir l'air bête à terre ainsi au milieu du chemin terreux, prise d'une crise de larmes, mais ça lui importait peu. Que faire de toute façon? Elle avait été claire, honnête, elle lui avait ouvert son coeur, mais il était parti...
Alors c'était tout, c'était fini. Mais elle restait là, d'une part parce qu'elle n'avait plus nulle part où aller, et d'autre part parce que malgré toute la douleur que cette idée lui procurait, elle était persuadée qu'Harima viendrait lui présenter Misuzu après l'avoir retrouvée, ou qu'ils devraient au moins s'arranger... Elle n'en avait pas envie, mais elle était incapable d'imaginer une autre issue, alors elle attendit, elle attendit... Ses larmes se tarirent mais elle ne se sentit pas mieux, et elle attendit encore... Elle eut l'impression d'attendre pendant une éternité... Ce n'était pas normal, il aurait déjà dû être de retour... Et même s'il venait de la laisser tomber, elle était sûre qu'il devait revenir... Il y avait des détails à arranger, il le savait... Il lui était peut-être arrivé quelque chose? Mais devait-elle s'en inquièter maintenant? Est-ce que ça lui importait encore vraiment? Oui... Malgré toute la haine que pouvait lui procurer ce qui venait de se passer... Elle l'aimait, sinon elle n'aurait pas si mal au coeur... Elle se releva donc péniblement. Elle se sentait sans énergie, amorphe, mais elle prit le chemin emprunté par Harima un peu plus tôt.
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Elle ne savait pas trop ce qu'elle espérait ou non trouver... Elle se demanda ce qu'elle dirait si elle trouvait Harima avec Misuzu et son coeur se serra à cette pensée... Mais préférait-elle qu'il ait eu un problème? Non évidemment...
Bon, par où était-il donc allé? Ce village avait beau être petit il n'en était pas moins long à visiter entièrement. Ah! Elle venait d'apercevoir une vieille dame qui rentrait chez elle. Parler avec quelqu'un était la dernière chose dont elle avait envie à présent, mais c'était inévitable, parce qu'après tout si Harima avait eu un problème...

"Madame! Excusez-moi... N'avez-vous pas vu passer un jeune homme blond qui..."

Mais avant même qu'elle n'eut fini sa phrase, la femme lui indiqua un chemin. Hana s'étonna de la tristesse qu'elle lisait sur le visage de la dame, et de son peu de loquacité mais elle la remercia et emprunta la direction indiquée. Elle fut d'autant plus étonnée de pénétrer dans un cimetière et de voir Harima écroulé à terre devant trois tombes et pleurant... Il lui fallut le temps de se remettre de la surprise et de comprendre... Elle ne s'était jamais vraiment rendue compte des changements du temps, elle qui n'y était pas soumise...

"Mais depuis combien d'années, suis-je parti?! DEPUIS COMBIEN DE TEMPS LES AI-JE ABANDONNE?! REPONDEZ MOI, REPONDEZ MOI, REPONDEZ MOI JE VOUS EN SUPPLIE..... REPONDEZ MOI JE VOUS DIS!"

Elle sentit son coeur se serrer à nouveau... Finalement est-ce qu'elle n'aurait pas préféré trouver Harima dans les bras de Misuzu...? Elle ne supportait pas de le voir ainsi... Mais sa présence ne serait-elle pas de trop? Aussi elle resta sur le côté, évitant de se montrer... Toujours sous l'emprise d'une petite hésitation, jusqu'à entendre la dernière phrase prononcée par le jeune homme...

"Misuzu... Je suis désolé, mais c'est Hana que j'aime..."

Sur ce, son coeur gelé se réchauffa, elle se sentit retrouver ses forces et marcha d'un pas rapide et décidé vers Harima. Elle s'agenouilla près de lui et l'entoura d'un de ses bras, appuyant avec l'autre la tête du jeune homme contre sa poitrine. Elle ne dit rien, il n'y avait rien à dire... Rien qui permette de revenir en arrière et changer ce qui avait été fait... Mais elle voulait être de tout son coeur avec lui, elle allait l'accompagner dans ce moment difficile du mieux qu'elle pourrait...

Que croyait donc Harima à demander une réponse? Il savait pertinemment qu'il n'en aurait pas, ou jamais. Pourtant, il essayait de se calmer, ou tout du moins d'arrêter de pleurer, croyant que c'était ce qu'il fallait faire. Pourtant, sans qu'il ne s'en rende compte, une personne l'entoura tout d'abord d'un bras, puis fit blottir la tête d'Harima contre sa poitrine. 'Qui cela pouvait-il bien être?' Cette question effleura un instant l'esprit d'Harima mais se dissipa bien vite. En effet, il reconnaissait la chaleur, et le doux parfum émanant du corps de sa bien aimée. Et pourtant, il aurait voulu lui demander ce qu'elle faisait là, si elle avait tout entendu, ce qu'il devrait dire, mais au final, qu'importe? Il se sentait si bien là dans ses bras, à tel point qu'il aurait pu s'endormir épuisé par ses pleurs et tenté par le bien être que lui offrait Hana...
Combien de minutes s'était-il écoulé? Lui même ne le savait pas, et continuait de sangloter tout doucement contre celle qu'il aimait, et puis, il cherchait à écouter quelque chose dans cette position.. Et quand bien même le jeune homme eut laissé perler la dernière larme, ses bras se resserrèrent contre elle, caressant doucement sa peau. Et enfin, le jeune homme se releva tout doucement, en lui déposant un baiser dans le cou. Car à ce stade, le simple mot 'merci' n'était même plus assez fort pour exprimer ce qu'il ressentait.

"Ton coeur... Je l'ai entendu..."

Harima avait laissé s'échapper cette phrase, comme pour se prouver qu'Hana était bien vivante, et faire un contraste avec la mort de ses amies. Oui, il avait besoin de se rassurer quant à sa situation actuelle. Toutefois, lorsque son regard se posa une nouvelle fois sur les tombes, grâce au réconfort qu'on venait de lui apporter, le fait de ne plus avoir de larme dans les yeux lui permit de remarquer un détail jusque là ignoré sur la tombe de Misuzu.

"... reux...."

'... reux...'? Qu'est-ce que cela pouvait-il bien dire? La mousse avait recouverte la presque totalité de la tombe. C'est pourquoi le jeune homme s'approcha tout doucement et enleva la partie qui l'empêchait de tout lire. A ce moment là, ce dernier marqua un temps d'arrêt, l'air interloqué. Et, sans donner plus d'explication, le jeune homme répéta la même scène avec les trois tombes.

"Héhé... héhéhéhé... Elles m'ont encore eu..."

Seule cette phrase aurait pu donner un espoir d'explication, mais juste après, Harima se perdit dans un fou rire mélangeant mélancolie profonde dans le regard, et bonne surprise dans la voix. Mais conscient que toutes les personnes ici présentes ne pouvaient pas comprendre sa réaction, il se retourna vers Hana et lui prit la main pour positionner la jeune fille juste à côté de lui. Et ce fut à ce moment là que le 'trésor' se révéla:

"Sois heureux... on t'aime... Harima-chan!"

Une phrase, trois parties, trois tombes... Tel était le message des filles qui avait traversé les années pour atteindre Harima. Lisant et relisant ces lettres avec un sourire nostalgique, le jeune Schiff pensait au fait qu'elles avaient pensé à lui, même la veille de leur mort. Bien sûr, cette dernière nouvelle était triste, mais la peur qu'il avait d'avoir été oublié par ces dernières était maintenant effacée. Décidemment, même mortes, ces filles savaient toujours comment faire pour avoir Harima! C'est même en montrant à Hana les dates de naissances et de trépas que le jeune homme fit enfin une phrase posée.

"Regarde, Misuzu, elle est 'partie' un an après mon propre départ... Je crois que c'est elle qui a demandé à graver ces inscriptions, ça lui ressemble bien, elle pense toujours trop aux autres. Tu l'aurais adoré, j'en suis sûr..."

Harima s'était tout de même demandé si ce n'était pas son départ qui avait attristé la jeune fille au point de la tuer, car la solitude est le pire des sentiments qu'il connaissait. Mais le simple mot laissé par ses amies était maintenant prioritaire, et pour rien au monde il n'aurait voulu trahir leurs dernières volontés. C'est d'ailleurs ce dernier qui donna enfin à Harima le courage pour poser une question qui lui tenait à coeur depuis quelques temps déjà, une question qu'il voulait poser en compagnie de ses amies d'enfance, à la femme qu'il aimait. Et c'est pourquoi il prit tout doucement les mains de cette dernière en hésitant légèrement à parler.

"Hana, quand tout ceci sera fini, voudrais-tu... m'épouser?"

Oh bien sûr il y avait plus joyeux comme endroit pour poser cette question si délicate, autre qu'un cimetière, mais il voulait le faire pour montrer à ses amies qui était la personne avec qui il comptait être heureux, même si celle-ci venait à refuser. Rougissant comme une pivoine, le jeune homme sentait que si les esprits de Misuzu, Minagi, et Michiru étaient présents, ces dernières seraient en train de sourire affectueusement, rire fièrement, et retenir son souffle, respectivement.

Peu à peu, tous les doutes d'Hana s'étaient dissipés pour ne plus laisser place qu'à l'amour qu'elle portait au jeune homme. Elle souhaitait d'ailleurs de toutes ses forces le lui faire passer le plus possible pour le remettre d'aplomb.
Elle fut un peu rassurée lorsqu'il se releva, même si elle savait qu'il n'était sûrement pas totalement guéri du choc qu'il avait reçu... Mais que pouvait-elle faire de plus? C'est pendant qu'elle y réfléchissait qu'Harima se mit à observer les tombes, et il l'étonna en éclatant de rire. Elle faillit lui poser une question mais avant même qu'elle ne l'ait interrogé il l'attira vers lui et elle découvrit la phrase gravée dans les tombes. Elle ne put retenir un sourire. Ces trois filles... Et particulièrement Misuzu qu'elle venait pourtant de presque haïr quelques instants auparavant... Elle eut soudain pour elles une pensée des plus chaleureuses...

"En effet ça devait réellement être des filles biens... Et je suis fière du prénom porté par notre fille..."

Elle pouvait donc changer si rapidement d'avis à propos d'une personne... Elle se mit même à regretter de ne pas avoir pu faire la connaissance de la jeune fille... Mais pendant qu'elle était perdue dans ces pensées affectueuses, Harima lui prit les mains et elle se tourna vers lui, surprise.

"Hana, quand tout ceci sera fini, voudrais-tu... m'épouser?"

Son coeur fit un bond dans sa poitrine, elle avait envie de sauter de joie, d'hurler son bonheur. Quelques heures plus tôt elle pensait que Misuzu pourrait empêcher son mariage, et voilà maintenant que c'était tout le contraire. Hana rougit elle aussi avant de répondre les yeux rivés dans ceux d'Harima.

"Oui, je le veux."

Harima eut l'impression que son coeur s'arrêtait, à cause des surprises qu'il venait d'avoir, bonne ou mauvaise. Car même si Hana vivait avec lui depuis tout ce temps, il ne pouvait pas dire qu'elle aurait accepté forcément. Pourtant, lorsque enfin le jeune reprit ses esprits, il se mit à sourire, ne sachant pas s'il devait rire pour le bonheur qu'il vivait, ou la disparition de ses amies. Bah, dans les deux cas, il était heureux.
La suite de ces instants magiques pour le jeune homme resta floue dans sa mémoire. Car ce ne fut qu'une suite de baisers et d'étreintes amoureuses au beau milieu des tombes. Et même s'il en rougissait, Harima devait bien s'avouer qu'il aurait aimé aller plus loin, si l'ambiance s'y prêtait.

"... Ils sont là."

Le jeune Schiff avait prononcé ces mots en apercevant Pablo, Misuzu, Tessa et Heart qui étaient restés près des voitures. Avaient-ils compris ce qui se passait? Bah... Maintenant, Harima tenait la main de sa femme tout en marchant, et avait regardé les vieilles personnes qui se retournaient sur son passage. Peut-être avaient-ils comprit qui il était, malgré toutes les années écoulés, mais mieux valait de rien dire. Car la place d'Harima n'était plus dans ce village, il le savait.

*Mais je crois avoir trouvé une autre place pour moi... Héhéhé*

Ne pouvant s'empêcher de sourire béatement, il arriva enfin au niveau de ses compagnons, en attendant que ceux-ci le remarque.

*Qu'est-ce qu'on peut faire? T-T*

Tessa commençait à culpabiliser à cause des tensions qui commençaient à se mettre en place entre les deux jeunes gens, et s'inquiétait même pour eux. Après tout, voir Hana se blottir contre Harima en larmes et lui avouer son amour était une chose, mais voir le jeune homme l'abandonner et partir en la laissant en pleurs en était une autre. Ce spectacle avait tellement été surprenant que personne n’ait osé la déranger, d'ailleurs, que pouvaient-ils dire? Eux n'avaient pas vraiment comprit grand chose de la situation.
Néanmoins, arriva un moment où Hana partie et s'enfonça dans le village, sans doute pour chercher celui qu'elle aimait. Dans un sens, Tessa admirait son comportement, car même si elle souffrait, voilà qu'elle voulait revoir Harima encore une fois.
C'est pourquoi la Chevalière poussa un soupir et chercha du regard Misuzu, pauvre petite, voir ses parents s'entre-déchirer ainsi... Toutefois, le plus grand souci de Tessa était de savoir ce qui se passait, et c'est pourquoi elle alla interroger les villageois.
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Quelques temps plus tard, Tessa avait plus ou moins cerné la situation, et comprit la réaction par rapport au nom 'Misuzu' dans la voiture. Mais alors, cela voulait-il dire qu'Hana et Harima allaient se quitter, pour cette fille? Non, ce n'était pas possible.. Après tout ce qu'ils avaient vécu, c'était impossible, et trop triste, pensait la Chevalière.
Cette anxiété disparue d'un seul coup, alors qu'elle vit enfin Hana revenir... Aux bras d'Harima. Le sourire que faisait ce dernier indiquait d'ailleurs qu'il était aux anges, et cela aiguisa la curiosité de la jeune femme.

"Vous voilà enfin! Que s'est-il pas... Harima-kun? Pourquoi souris-tu comme ça?"

Pourtant, une autre pensée vint à l'esprit de Tessa, qui ne pu s'empêcher de se retourner afin de regarder aux alentours.

"Je crois que Misuzu est quelque part par ici, mais je ne suis pas restée avec les autres..."

"Hu?"

Harima avait poussé ce petit cri d'exclamation car il n'avait pas l'impression de faire une tête 'bizzare'. Toutefois, le jeune homme se ressaisit bien vite, enfin, façon de parler... Car il se gratta la tête l'air bête et poussa un petit rire gêné, décidemment, ce jeune homme n'était pas à l'aise dès qu'il s'agissait de parler de mariage!

"Eh bien... Comment dire? Je crois que... J'ai fait tout ce que j'avais à faire dans ce village et j'en suis content, c'est sûrement ça."

Il ne mentait pas pas dans un sens, car cela lui permettait vraiment de se sentir mieux. Mais le jeune homme ne savait pas si Hana voulait le dire devant tout le monde, ou peut-être voulait-elle le dire elle même? Dans tout les cas, mieux valait que Misuzu soit là, et ce fut ce qui inquiéta le jeune homme.

"Oui... Connaissant Misuzu, je suppose qu'elle aura voulu explorer les lieux, je vais me mettre à sa recherche."

Misuzu avait apprécié la ballade en voiture, et cela même si les autres occupants s'étaient montrés plutôt silencieux. Elle avait pu observer à loisir le paysage qui défilait et avait eu l'occasion de réfléchir à ce qui lui arrivait. Elle en avait conclu que c'était bien. Elle était maintenant en constante découverte. C'est ainsi qu'une fois sortie de la voiture, elle courut sans qu'on put la retenir à travers la campagne. Campagne différente de cette qu'elle avait connue... Par chance, elle ne s'était pas trop éloignée et eut la surprise d'apercevoir ses parents.

"Papaaa! Mamaaan!"

Elle courut vers eux et se jeta sur son papa, l'empêchant de seulement commencer à la chercher. Et elle souleva sa main pour exposer à son père sa découverte, la tenant par la queue.

"Regarde papa! Elle était dans l'herbe, elle est jolie!"

Il s'agissait en fait d'une petite souris sylvestre, apparemment effrayée, mais Misuzu était trop fière de sa découverte pour la relâcher avant de l'avoir montrée.

Il était heureux que Misuzu soit un poids plume, car Harima ne s'attendait pas à ce que sa fille apparaisse si soudainement, et eut tout juste le temps de la prendre dans ses bras, et de voir sa découverte. Apparemment, Misuzu n'avait rien vu des problèmes que son père venait d'avoir et c'était tant mieux. Le sourire de sa fille lui suffisait pour le moment, il était inutile que celle-ci s'inquiète.
Toutefois, lorsqu'elle lui montra la souris, Harima fit un sourire et prit la souris par la queue.

"C'est une souris sylvestre, mais elle n'a pas l'air très rassurée, regarde elle tremble."

C'est pourquoi Harima la prit par la queue lui aussi, mais pour aller la reposer quelques mètres plus loin dans l'herbe. Ceci fait, il tapota la tête de sa fille, comme pour la féliciter de sa découverte.

"C'est bien, apparemment tu aime cet endroit, c'est ici qu'à grandit Papa tu sais.."

Carressant maintenant les cheveux de sa fille, le jeune homme pensa à la souris, et fit un sourire gêné en pensant qu'étant enfant, lui ne faisait pas comme Misuzu qui se contentait de les prendre par la queue. En effet, Harima les visait avec une fronte et tentait de les tuer. Ceci dit, il finit par se retourner pour parler aux autres.

"Je crois qu'il vaudrait mieux trouver un abri... Mon ancienne 'maison' n'est pas loin d'ici, si on y allait?"

Alors que Misuzu et Harima regardaient la souris s'éloigner dans l'herbe, Tessa voulu aller parler à Heart, mais eut soudainement un vertige, ce qui lui arrivait parfois à cause de son manque de sang. Dans ces moment là, la jeune femme n'avait qu'une envie: tuer, mais essayait de se retenir... Après tout, il y avait ici que des Schiffs pratiquement, et Misuzu était tellement faible que lui sauter dessus était facile. Son cou semblait si tendre...

*Mais à quoi est-ce que je pense?*

En effet, la Chevalière se ressaisit et fut heureuse d'entendre la proposition du jeune homme: Un peu de repos lui ferait le plus grand bien. D'ailleurs, elle se doutait que Misuzu serait aussi contente, car celle-ci semblait adorer les endroits inconnus. Décidemment, il faudra que Tessa se fasse pardonner auprès de cette dernière pour avoir eu ces pensées.

"Eh bien si tout le monde est d'accord... En route vers cette maison?"

Quel froid ici! Voila ce que se disait Masa après avoir atteri dans un endroit qu'elle ne connaissait pas. Enfin si, tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle se trouvait en Islande et qu'elle n'avait fait que suivre son instinct.
Se trouvait-il vraiment ici? Cela, la Chevalière ne savait pas le dire. Elle sentait juste qu'il n'était pas loin et qu'il était passé par le village qu'elle apercevait devant elle. Bah, et puis après tout, maintenant qu'elle était là, autant aller jusqu'au bout. D'ailleurs la jeune femme ne repartirait pas avant d'en avoir finit avec tout cela, même si elle devait accepter de devenir ce qu'elle avait toujours redouté pour cela.

*C'est le seul moyen, je ne dois pas flancher*

Dire que Masa ne savait même pas que sa fille était vivante, qu'elle se trouvait à Okinawa et que la Chevalière avait été tout près d'elle. Non, elle ne savait rien de tout ça, pourtant elle aurait vraiment voulu que rien de tout cela n'arrive. Et d'ailleurs, pourquoi tous les évênements s'étaient-ils enchainés de la sorte? Tout aurait pu être différent, mais comment? Masa ne comprenait pas pourquoi son bonheur avait tourné au désastre en venant au manoir.
Oui, c'était ça, elle n'aurait jamais du chercher au manoir et laisser Higame visiter cette pièce...Mais le mal était fait à présent et le seul moyen pour retrouver le sourire était de parler à celui qu'elle était venu voir et simplement de se laisser aller. Ace of Swords se chargerait de tout et peu importe si Masa fuyait d'une certaine manière, il lui fallait aussi un certain courage pour accepter de devenir ce qu'elle était réellement, même si ce courage était lâche...

*Bon...ce n'est pas le moment, je dois le trouver*

En effet, l'heure n'était pas à rêvasser ici. Masa entra donc dans le village, prenant soin de ne pas se faire repérer des personnes de ce lieu.
La Chevalière n'entrevis qu'une personne agée, visiblement triste, ainsi qu'une fillette qui l'accompagnait. Le fait de voir cette petite fille lui rappelait tellement Aiko qu'elle aurait voulu revoir une dernière fois avant de mourir. Non, Masa n'aurait jamais souhaité la mort d'Aiko, elle aurait vraiment voulu la voir vivante à l'heure actuelle, essayant comme d'habitude de faire sortir ses petites ailes sur commande.
Mais ce n'était vraiment pas le moment de regretter! Si elle commencait à avoir des remords, elle n'y arriverait jamais...La jeune femme marcha donc, encore et encore, cherchant celui qu'elle était venue voir. Il était bien passé par ici et il était accompagné, mais par qui? Il y aviat déjà une autre présence que Masa avait rencontré et c'était certainement la fille du manoir il y a deux ans, Hana. Les autres présences, Masa ne les reconnaissait pas, ou plutôt très faiblement.
Après avoir essayé d'identifier quelles étaient les personnes présentes, la jeune femme continua son chemin, là où il lui semblait trouver ce qu'elle cherchait, et bientôt, le village vit disparaitre la Chevalière qui venait à peine de fouler ce sol, mais décidée à continuer sa route...