Courage ou abandon?

Masa frappait sur la porte depuis un bon moment maintenant, si bien qu’elle n’avait pas entendu Higame arriver. Celui-ci l’avait donc suivie ? Le fou…Mais le Chevalier alla encore plus loin, il avança le fait qu’Aiko était toujours vivante et qu’il l’avait juste étranglée de façon à ce qu’elle s’évanouisse mais sans en périr. Ce stratagème avait donc été utilisé pour que Masa ait un "déclic"? Hé bien, il devrait trouver mieux. Si le jeune homme voulait que la Chevalière le croit, il devrait lui montrer des preuves irréfutables, comme par exemple sa propre fille parfaitement éveillée et souriante comme par le passé...Seulement, ce n'était qu'un espoir douloureux, et cela Masa le savait. Plus rien ne serait comme avant...
Avant de continuer ses pensées plus loin, la jeune femme repéra l'arrivée de présences familières. Elle reconnu tout de suite celle d'Erika ainsi qu'une autre présence inconnue, celle de Selena, mais les deux dernières la perturbèrent un moment. Une de celles-ci appartenait à un Chevalier, et plus précisément à celui qui lui avait avoué son amour il y a deux ans, Kunotso...Quant à la dernière,...Non, c'était impossible! Cette petite présence lui était si familière que Masa n'aurait pu se tromper, c'était bien Aiko. Mais que de foutaises! Sa fille était morte, elle ne respirait plus, ne bougeait plus. Non, cela ne pouvait être elle...Mais alors, qui étais-ce?!

*Je ne dois pas me laisser avoir! J'ai accepté Aya et je dois continuer...jusqu'au bout*

Mais Masa n'eut pas le temps de répondre à Higame par la suite. Celui-ci s'était en effet demandé si Harima connaissait le mot de passe. Peut-être...ou peut-être pas? Mais si le Shiff ne l'avait pas en sa possession, la Chevalière le lui ferait parvenir. Oui, en effet, le jeune femme savait où était ce mot de passe...
La raison pour laquelle Masa ne pu répondre à son époux était qu'elle avait soudainement senti ses pieds quitter le sol et que quelqu'un la soulevait...? Un mot provenant de cette personne lui parvint également aux oreilles, il l'appelait traitresse. Avait-il un rapport avec Diva? Quoiqu'il en soit, la Chevalière lui ferait bien comprendre que plus jamais elle ne retournerait vers son ancienne maitresse si c'était le cas. Mais, contre toute attente, Masa remarqua que la porte s'était ouverte grâce à la faux de l'inconnu et celui-ci emmena la Chevalière à l'intérieur, laisant les autres derière la géante pendant qu'elle se refermait.
Avait-il lu dans les pensées de la jeune femme ou avait-il agit délibérément? Soit, cette question n'était pas urgente et le principal était de retrouver...

"Harima...!"

Oui, c'était bien le jeune Shiff que Masa cherchait qui se tenait là, un peu plus loin. Malgré l'obscurité rêgnant dans la pièce, la Chevalière arrivait à distinguer la forme du jeune homme, ce qui lui avait permis de le reconnaitre facilement.
Malgré la "joie" d'avoir enfin trouvé Harima, car en effet cette joie n'était pas totalement vraie, la jeune femme se sentait mal à l'aise. Cet endroit ne lui inspirair rien qui vaille, mais étais-ce vraiment le lieu qui la rendait à ce point nerveuse? C'était peut-être le fait que tout allait commencer terminer ici et aussi se terminer...Mais tout pouvait aussi changer, mais il fallait le voir pour le croire.
Ne sachant pas quoi dire, Masa ne fit que sortir le morceau de papier qui accompagnait la lettre de son katana et à se dégager du bras de l'inconnu qui l'avait ammenée ici, pour avancer vers le Shiff en lui tenant la petite feuille. La Chevalière se contenta juste de le regarder fixement pour lui faire comprendre qu'il devait lire ce qui était écrit dessus:

Tada kowagarazu ni tsuzuke...kami no sutego

*Fais-le harima...N'hésite pas...Par pitié*

« Eh bien eh bien.. Qu'avons-nous là? »

Seule cette voix s'était fait entendre en guise de réponse dans toute la pièce, et la personne qui la possédait regardait maintenant Masa d'un air interrogateur. Lui qui n'attendait qu'Eremes, voilà que ce dernier avait emmené de force une autre personne, dont même les écrans n'avaient pas pu dévoiler la présence. C'est d'ailleurs en pensant à ce détail que l'ombre se mordit la lèvre supérieure, en se disant intérieurement qu'il ne devrait pas oublier d'y jeter un oeil tout à l'heure pour vérifier l'état de la situation. Toutefois il attendit quelques secondes et fixa le papier que lui tendait Masa, émettant un léger rire innocent, il prit ce dernier tout en le regardant sous tous les angles, sans pouvoir lire ce qui y était marqué, à cause de l'obscurité environnante.
Pourtant, la faible luminosité émise des lampes pu mettre en évidence un franc sourire se dessinant sur le visage du jeune homme. Et c'est ainsi qu'il prit la parole en délaissant le papier pour regarder Masa.

« Je te remercie, c'est la première fois que l'on me fait un cadeau... Même s'il ne m'était pas destiné apparemment. »

Par ces mots, il était facile de deviner que son identité était loin d'être celle du jeune Schiff que la jeune femme recherchait, mais la forme observée dans l'obscurité pouvait donner cette impression, rapidement démentie. En effet, si l'une des mains tenait le papier, force était de constater qu'il n'y en avait pas d'autre... Et même, la démarche de l'inconnu permettait de deviner que ses jambes devaient être blessées, ou endommagées. En un mot comme un autre, les ténèbres de cette salle permettaient au moins de dissimuler cette faiblesse dans le physique.

« Mais pour l'heure, je ne puis encore le lire, non pas que je n'en aie pas l'envie, mais je n'en ai pas encore la possibilité. »

Et, comme pour appuyer ses paroles avec des actes, la mystérieuse personne tituba jusqu'à l'un des murs et chercha par le toucher avec son unique main jusqu'à ce qu'un "clic" se fasse entendre. Dès lors, même s'il fut nécessaire d'attendre quelques secondes, de gigantesques lampes situées au plafond s'allumèrent les unes après les autres pour ainsi repousser le noir et dévoiler la véritable nature de cette pièce: De taille impressionnante, il s'agissait d'une gigantesque crypte soutenue par de non moins impressionnantes poutres en arc de cercle. Pourtant, la chose la plus marquante fut la nature même des murs, car si le plafond était peint et représentait une scène mythologique dont la couleur avait terni à cause des années, les murs étaient fait de… personnes. Ou plutôt de statues, représentantes des personnes emmurées, et symboles d’une dernière demeure pour toutes ces âmes.
Le jeune homme, lui, ne pouvait apparemment pas apprécier ce spectacle de lumière, car après avoir séjourné si longtemps dans l'obscurité, ses yeux étaient blessés par le feu ardent, mais ces derniers commençaient néanmoins à s'y habituer. La douleur elle-même était une sensation que le jeune homme semblait ne plus ressentir, tant il la connaissait au quotidien, et l'avait accompagné au fil des années.

« Bienvenue dans ma demeure jeune femme, ne m’en veuillez pas, mais il me reste quelques dernières choses à faire.. »

Puis, le jeune homme fit un signe de la main à Eremes signifiant apparemment qu’il se devait de le suivre, et regarda le fond de la pièce, indiquant les cuves, derrière lesquelles se situait une dernière porte. Pourtant, pas une seule trace d’Harima… Mais peu lui importait, à cet être ressemblant à un homme, il lui fallait en finir avec tout cela au plus vite, il ne résisterait pas longtemps.. En effet, son visage faisait peine à voir, avec une moitié normale, et l’autre complètement déchiquetée, sans peau. Par ailleurs, d’autres zones de son corps subissaient le même sort, et cela le faisait souffrir. C’est d’ailleurs à cause de ces blessures que la ressemblance avec Harima ne s’opérait que de nuit, et non de jour…

« Nous devons en finir au plus vite, oh oui… C’est ce que notre Seigneur souhaitait, héhé.. héhéhé… héhéhéhéhé…. »

Poussant un rire malsain, il regarda alors Masa de son œil sans paupière lui faisant comprendre d’attendre ici, en attendant un hypothétique retour. Ceci fait, il lui montra également la feuille de la jeune femme et y déposa un baiser, pour montrer qu’il ne perdrait pas ce présent… Qu’il l’ait reçu intentionnellement, ou non. Pourtant, même lorsqu’il cherchait à sourire, la moitié de son visage aurait pu inspirer un sentiment de dégoût dans n’importe quel esprit tant la laideur y était présente…

Lien pour s'imaginer le visage de l'inconnu, mais ce n'est pas lui

Que venait-il de se passer ?
Masa croyait vraiment avoir affaire à Harima mais ce n’était apparemment pas le cas. A la place, une autre personne avait pris le papier que la Chevalière tendait devant elle. La jeune femme pu en effet constater la différence entre l’inconnu et Harima par la voix, à défaut de réussir à voir son visage. L’obscurité de l’endroit empêchait Masa de distinguer les détails composant l’individu, ce qui au début avait prêté à confusion entre les deux hommes.
La vois de l’inconnu s’était révélée différente de celle d’Harima et celle-ci n’avait pas place dans les souvenirs de la Chevalière. Malgré tout, Masa n’aurait pas pu décrire cette voix mystérieuse. Il était néanmoins évident que l’homme qui se tenait là n’avait pas conscience de l’utilité du papier qu’il venait de prendre, et encore moins de l’identité de la jeune femme qui lui avait donné cette feuille par erreur, sinon il aurait tout de suite prononcé la phrase figurant sur le présent. Pourtant, celui-ci semblait être heureux de ce cadeau, les lampes de la pièce éclairant un sourire assez visible sur le visage de celui-ci. D’ailleurs, d’après Masa, le jeune homme n’était pas à la solde de Diva, du moins c’est ce qu’il laissait penser. Si en effet il était sous les ordres de son ex maîtresse, il aurait certainement soupçonné ou même deviné l’identité de la femme qui se tenait devant lui

*Je n’avais pas prévu ça…Comment lui expliquer que ce papier est ‘spécial’ ? Mais, je ne sais même pas dire ce qu’il fera de cette phrase une fois qu’il aura compris…*

Oui en effet, comment pouvait-elle prédire ce qui allait se passer maintenant ? Surtout que Masa ne connaissait ni le nom de celui qui était présent, ni même ses intentions.
La Chevalière entendit ensuite le jeune homme se déplacer, jusqu’à entendre un déclic. Quelques secondes plus tard, d’autres lampes s’allumèrent et permirent une meilleure distinction du lieu. Masa dû néanmoins fermer les yeux un moment et les rouvrir lentement pour s’habituer à cette vive luminosité.
Maintenant, les détails de l’individu s’affichaient parfaitement, bien que n’ayant pas une apparence commune. La moitié du visage du jeune homme semblait être dénué de peau, ou plutôt c’est comme si celle-ci avait été déchiquetée. Pourtant, la jeune femme n'était pas dégoutée par l'apparence de celui-ci, et d'ailleurs, il n'avait certainement pas choisi d'être comme ça.
Mais plus encore que cet homme, les murs de l’endroit étaient tapissés…d’hommes ?! Non, ce n’étaient que des statues à l’effigie de vraies personnes. Mais, que contenaient ces statues ? Etais-ce de la simple pierre gravée ou ces statues renfermaient-elles de véritables corps emmurés à jamais dans ce moule froid ?
Malgré la touche un peu moins saisissante qu’offrait le plafond, Masa se sentait de moins en moins à l’aise dans cet endroit, et encore plus quand le mystérieux personnage disparu avec celui qui avait emmené la Chevalière ici. Celui-ci semblait pourtant vouloir que Masa attende son retour, s’il revenait…Après tout, qu’est-ce que la Chevalière aurait pu faire d’autre ? Elle ne connaissait rien de cet endroit, ne voyait pas d’éventuelle sortie, et quelque chose lui disait qu’un évênement allait bientôt se passer. Allez savoir pourquoi elle avait cette impression, mais la jeune femme préféra s’en tenir à son intuition.

"..."

Aucun son? Ce n'était pas courant que Masa ne sache pas s'exprimer, et pourtant ses cordes vocales ne semblaient pas répondre. Ce n'était pas faute d'essayer de faire sortir les mots, mais rien ne se produisait. Masa en alla même jusqu'à tousser, un peu de sang sortant à chaque toussotement. Quelle vaine, elle était à présent incapable de s'exprimer librement...Mais ce problème n'était jamais intervenu auparavant, il devait donc y avoir une astuce quelque part.
A bien y réfléchir, il semblait y avoir une concordance entre Masa et Aya chaque fois qu'une phrase sortait de sa bouche. C'était donc ça? Il fallait que les deux soient en parfait accord pour arriver à émettre ne serais-ce qu'un son? Décidément, même le simple fait d'avoir accepté Aya n'avait pas l'air de suffire pour qu'aucun obstacle ne survienne encore avec celle là. Cela voulait dire que Masa était définitivement obligée de céder face à Ace of Swords? Si c'était vraiment l'unique solution...

*Pour la pensée, on dirait que je le plein contrôle...Tch...Et là je fais quoi?*

Qu'allait-elle bien faire en attendant le retour de l'inconnu? Et même, qu'est-ce qui lui avait pris d'obéir si facilement, alors qu'elle aurait très bien pu le suivre? Quelque chose n'allait vraiment pas chez la Chevalière, elle n'était pas elle même et s'en rendait de plus en plus compte à présent. Mais il était trop tard pour reculer maintenant, c'est pourquoi Masa attendit patiemment le retour de l'inconnu, ou peut-être quelqu'un d'autre, se contentant d'observer un peu plus les détails de l'endroit où elle se trouvait.

A quoi servait ce papier ? Il l’avait prit sans même savoir pourquoi, et en avait été content, car après tout, c’était le premier présent qu’on lui offrait depuis des années. Pourtant, rapidement le jeune homme se ressaisit et vit Eremes qui s’avançait toujours dans la pièce, conformément aux ordres du Seigneur. Froissant ce qu'il tenait si précieusement en arborant un air mauvais, l’inconnu s’avança lui aussi pour rattraper le CORPSE et lui parler en lui faisant une frappe amicale sur l’épaule.

« Eremes ! Ca va faire longtemps qu’on ne s’était vu non ? Hin hin hin… »

C'était étonnant, car il passait de l’amitié au rire profondément mauvais en l’espace d’un instant, comme si sa personnalité elle-même n’était pas stable. Et son œil globuleux ne faisait que contribuer à son apparence de savant fou. Toutefois, plus ils marchaient, et plus il essayait d’engager la conversation, tout en s'enfonçant dans la pièce dont les ténèbres avaient prit possession.

Mal… Mal… Il avait mal, c’était merveilleux ! Merveilleux ? Pourquoi donc ? Rien que cette pensée était elle aussi formidable à ses yeux. C’était la première fois qu’il se posait une question aussi superficielle. L’ombre regarda autour d’elle, il n’y avait qu’une lumière émanant encore d’une lampe, apparemment l’interrupteur ayant éclairé la crypte n’avait en rien affectée cette salle. C’est pourquoi l’homme essaya de s’avancer vers ces sources lumineuses, car elles semblaient si merveilleuses à ses yeux, tout n’était que merveille pour ces derniers par ailleurs. Il aurait très bien pu voir la mort en personne sous ses yeux qu’il aurait trouvé cela magnifique.
Titubant tout d’abord au début, l’inconnu arriva finalement à la lampe et l’admira quelques secondes jusqu’à s’en blesser les yeux. Et même, il tendit finalement ses bras pour entourer l’ampoule de ses mains, et même si celle-ci le brûlait, cela ne faisait rien… Il continuait encore et toujours à serrer, jusqu’à ce que le verre commence à se fêler et..

*Plink*

"Tu m'as aveuglé tout ce temps sans que je ne puisse rien faire, justice est faîte…"

… Cassa la lampe dans un bruit cristallin. Ceci fait, il sentit du liquide chaud s’écouler de ses mains, son sang ? Peut-être… Il n’en était plus vraiment sûr depuis quelques minutes. Toujours est-il que peu de temps après, le jeune homme sentit que sa petite blessure se refermait déjà. Toutefois, ce n’était pas le plus important, et bien vite la personne se mit en route vers l’unique porte de la pièce, nouveau but de son existence. Et, quand il fut à proximité de cette dernière, l’inconnu pu tourner la poignée pour enfin se laisser tomber de l’autre côté, où était Masa.
Il ne savait pas comment celle-ci allait réagir, car l’homme était maintenant recouvert de sang, comme l’est un nouveau né, mais plus incroyable encore, il avait maintenant ses deux bras, et les contusions présentes sur son corps avaient totalement disparu comme s’il s’était régénéré. Pourtant, tout cela n’était que détail pour lui, car le jeune homme voulait se prouver une chose. Et c’est en gardant toujours le visage contre terre qu’il amena le papier reçu précédemment jusqu’à lui pour le regarder d’un air anxieux. Prononçant quelques « Je peux… » et « Oui… » il commença à le regarder, ce minuscule bout de manuscrit, pour essayer de le lire.

« … »

Ca lui faisait mal, de ne pas pouvoir faire sortir un son de sa gorge, et ce n’était pas comme la douleur qu’il avait ressentie tout à l’heure, pourquoi ? Il n’était pas heureux de ressentir celle-ci, était ce qu’on appelle la ‘frustration’ ? Il avait oublié… Trop de questions se posaient dans la tête de ce nouveau-né, mais une idée restait toujours en place : Arriver à lire, il se l’était fixé comme objectif.

«Ta-da... kowag...arazu ni t-tsuzuke...kami no sute.. ute... sutego!»

Enfin, enfin, enfin ! Il y était arrivé ! Froissant le papier puisque celui-ci ne lui servait plus à rien, il se mit à répéter les mots «Tada kowagarazu ni tsuzuke...kami no sutego» sans même savoir quelle était leur signification. Mais qu’importe ? Son premier objectif était rempli, et il était bien décidé à continuer sur cette lancée !

*Ce n’est que le commencement…*

Toutefois, il releva alors la tête, vers Masa, attendant ses réactions. Qu’attendait-il en fait ? Rien de particulier à vrai dire… Mais il voulait juste voir une personne avec ses yeux, possédant de vraies paupières. Car depuis qu’il était revenu, son visage même s’était transformé, et même s’il ne le laissait pas voir grâce aux mèches de cheveux qui en tombaient, le jeune homme fixa la jeune femme.

Depuis le temps que Masa faisait les cent pas dans la pièce, le moment qui s’était écoulé n’avait pas eu d’importance. La jeune femme avait en effet réfléchit à sa situation, mais aussi sur les éventuels événements futurs. Qu’allait-il réellement se passer lorsque Ace of Swords serait là ? Comment réagirait la Chevalière lorsqu’elle serait ‘entière’ ? Car oui, le fait d’accepter sa troisième personnalité signifiait surement faire corps avec elle…Quelle aurait été la raison d’existence d’Aya et de Masa sinon ? La jeune femme l’avait compris à présent, elle n’avait servi qu’à sceller un lourd secret en attendant qu’un jour quelqu’un découvre la vérité. Le pire étant que même si Masa avait cédé face à celle qui la hantait, elle ne pouvait malgré tout avoir le contrôle de ses actions comme elle le désirait, et encore moins de ses paroles. Tch, à quoi cela servait-il d’accepter la pire des choses pour ensuite se retrouver entravée ? Le fait de céder ne devait-il pas libérer la Chevalière au lieu de l’emprisonner partiellement ? Tout était si compliqué, bien plus que ce que Masa aurait pensé, et cette situation la faisait de plus en plus hésiter, au point même de se demander ce qui lui avait pris de vouloir absolument retrouver Harima suite à la folie de son époux. Le dépit ? le désir de venger sa fille ? Ou tout simplement, une tentative désespérée de croire qu’elle pouvait encore faire quelque chose ? Non…La vraie raison comportait une partie de toutes ces choses mais en même temps, elles n’y étaient pour rien. Masa elle-même ne savait pas, ou plutôt ne savait plus le pourquoi de sa décision…
Doctor avait si souvent parlé de « l’être parfait », de la plus sublime des créatures, voulait-il parler de la fusion des trois personnalités de la Chevalière ? Une symbiose donnant naissance à une entité dont la perfection n’aurait jamais été égalée… ? Le projet de cet homme ressemblait plutôt à la création d’un être qui se rapprocherait le plus, non…qui serait Dieu ?! La folie de Doctor l’avait mené trop loin, et ce n’était pas une divinité qu’il avait créé, mais bien un monstre. La plus abjecte des aberrations existant sur Terre. D’ailleurs, Masa se voyait à présent comme une erreur de la nature qui n’aurait jamais du voir le jour.

*Qui suis-je ? Pourquoi est-ce que je vis ?*

Telle était la question que se posait Masa…Elle, non en tant qu’instrument, qu’avait été son rôle au juste ? Le fait d’avoir aimé comme jamais, et même d’avoir eu une enfant, est-ce que cela avait été vrai ? Ou du moins en partie ? Le fait de se sentir inutile au départ, de n’avoir aucun but mis à part celui programmé contre sa volonté, était bien la pire des choses.
Mais tandis que la Chevalière cherchait des réponses à toutes ces questions compliquées, un léger frisson la pris. Elle avait en effet l’oreille fine et avait pu percevoir un bruit de quelque chose qui s’était brisé comme du verre. Il ne lui fallut pas longtemps pour ensuite apercevoir un individu, certainement le même homme que tout à l’heure, et à se rapprocher lentement vers lui.
Pourquoi faisait-elle ça ? La seule raison plausible était que Masa voulait juste voir correctement celui qui venait d’arriver. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle pu voir le corps ensanglanté du jeune homme, mais ne portant aucune plaie. Cependant, la Chevalière ne fit aucun mouvement de recul, certainement parce que la vue du sang ne l’affectait pas. Ce liquide lui rappelait juste cette douce saveur amère qu’elle n’avait plus goûté depuis un petit moment maintenant, mais pas assez longtemps pour l’affaiblir.
Qu’était-il arrivé à l’inconnu ? Car oui, malgré son apparence, la présence qu’il faisait sentir était la même, cela ne pouvait donc être que lui. Mais le voir ainsi amenait naturellement à se poser des questions sur ce qu’il avait été faire…
Masa remarqua ensuite que le jeune homme tenait un papier, comme s’il s’apprêtait à le lire…Mais c’était celui que la Chevalière lui avait donné !

*Va-t-il vraiment le faire ?*

En temps normal, Masa aurait réagit et l’aurait empêché d’ouvrir la bouche pour prononcer ces mots maudits, mais elle se contenta d’attendre…Ce silence lui permettait aussi de se préparer une dernière fois avant ce moment

"Ta-da... kowag...arazu ni t-tsuzuke...kami no sute.. ute... sutego!"

Il l’avait fait…Même plus encore, il répéta cette phrase de sorte que cette fois elle résonne correctement. Mais, au moment où la jeune femme entendit ces mots, son cœur se mit à battre plus fort, plus vite et ne cessait d’accélérer. Masa croyait que son thorax allait exploser sous cette pression, et en tomba même à genoux. Elle fut ensuite obligée de serrer l’emplacement de son cœur pour l’aider à se calmer. Mais plus le temps passait, plus la douleur s’accentuait. La Chevalière ferma alors les yeux, espérant que cela allait s’arrêter…

-----------------------------------
Pas un son, juste le bruissement des arbres…Une lumière douce vient lentement ouvrir les yeux de Masa sur un paysage qui lui est familier, le château des îles Ryukyu. Mais tout était cette fois merveilleux, comme si toute l’île avait été changée en un paradis. Et…au loin, qui étais-ce ? Deux voix appelaient successivement Masa, mais…non, c’était Higame et…Aiko ? La jeune femme ne comprenait plus rien, que faisait-elle ici ? Pourquoi Aiko était-elle vivante ? Alors, elle avait peut-être rêvé…Il fallait qu’elle sache, et c’est pourquoi elle alla à la rencontre de sa fille, lui demandant si tout ceci était réel

"Tu dormais maman, et on t’a laissée dormir un peu
Et dis, papa nous attends, viens !"

Ce n’était donc pas un rêve ? Tout était vraiment réel ? Mais Masa voulait aussi vérifier auprès d’Higame. Si elle avait rêvé auparavant, alors ce songe avait fait très vrai.
S’approchant maintenant de son époux, la jeune femme lui posa la même question qu’à Aiko, ce qui ne manqua pas de l’étonner

"Tu as certainement fait un cauchemars mon tendre amour. C’est la journée d’hier qui t’a surement épuisé"

Et il souriait, tout en désignant une des mains de Masa. Celle-ci portait…une alliance ?! Mais alors, cela voulait dire qu’ils étaient mariés pour de bon ? C’était à peine croyable, tout était si…parfait. Mais Masa se posait encore des questions malgré tout, elle voulait savoir ce qui s’était réellement passé. Higame l’empêcha toutefois d’ouvrir la bouche. Celui-ci venait en effet de prendre la Chevalière dans ses bras, la serrant tendrement contre lui. La petite Aiko ne tarda pas à venir se mêler au calin perdu dans le temps.
C’était trop beau pour être vrai, tout ce que Masa désirait se retrouvait devant ses yeux. Après tout, ce n’était peut-être pas un rêve finalement ? Sinon, pourquoi se sentait-elle si bien ?

*Ce n’est pas normal, quelque chose cloche. Mais…cette réalité est celle que j’ai toujours voulue…*

Tandis qu’Higame la serrait toujours, Masa referma de nouveau les yeux, se laissant emporter par ce paradis étrange mais si merveilleux
-----------------------------------

Debout…Ce fut le premier réflexe que la jeune femme eu, mais elle ne prononça pas encore le moindre mot. Elle avait baissé la tête, de sorte que son visage soit caché quelques instants. Son cœur s’était calmé, comme si quelque chose avait eu lieu sans que personne ne s’en aperçoive, et bizarrement, elle ne bougea pas avant quelques minutes. Mais l’entement, la Chevalière redressa la tête et fixa directement l’emplacement où devaient être les yeux de l’homme qu’elle avait en face d’elle. Un seul détails maintenant, les yeux de Masa arboraient une couleur rouge sang au lieu de la teinte sombre qui caractérisait la présence d’Aya. Mais maintenant, la situation était tout autre, et le regard froid de la jeune femme pouvait en témoigner.
Les lèvres de la Chevalière se mirent ensuite à bouger, pour enfin laisser entendre une phrase

"Vous m’avez appelé,…maître ?"

Et comme pour appuyer ses paroles, la jeune femme posa le genou à terre et saisit une des mains de l’inconnu, pour ensuite se mettre à lécher le sang qui se trouvait à cet endroit

Elle n’avait aucune réaction, oui, cette jeune femme était restée là, sans rien dire, plongée dans une profonde transe. Le jeune homme, par contre, ne comprenait pas… Lui qui pensait qu’il allait être félicité, lui qui s’attendait à ce qu’elle se mette à sourire pour lui dire que c’était bien, qu’il avait réussi à lire ce papier… Voilà que Masa restait de marbre face à l’effort qu’il venait de faire. Cela voulait-il donc dire qu’il n’avait pas bien lu la phrase ? A cette pensée, l’inconnu baissa la tête, laissant toujours ses mèches lui cacher le visage, finalement, il n’avait pas pu accomplir son but.
Toutefois, après quelques secondes, une voix retentit dans la pièce. Faisant sursauter le jeune homme, celui-ci releva légèrement la tête pour voir les yeux de la Chevalière fixés sur lui… Pourtant, alors qu’ils avaient été auparavant sombres, ses pupilles s’étaient colorées d’une teinte rouge sang. La vue de cette couleur eut par ailleurs l’effet de surprendre l’inconnu, mais plus encore :

"Vous m’avez appelé,…maître ?"

Telle avait été la phrase qu’elle venait de prononcer, sans laisser une chance au garçon de placer ne serait-ce qu’un mot. ‘Maître’ ? Que voulait-elle entendre par ce mot ? Jamais ils ne s’étaient vu auparavant, et voilà qu’elle le caractérisait comme s’il était son supérieur... Restant sans voix, le jeune homme continuait de l’observer, peut-être plaisantait-elle tout simplement ? Il avait pensé cela pendant un instant, mais c’était peine perdue, car le ton de la voix de la jeune femme avait été on ne peut plus sérieux. Cette dernière était même allée jusqu’à lui lécher le sang présent sur sa main à genoux, geste sans doute symbolique, ou juste afin de nettoyer le jeune homme.
‘Maître’… Cela lui rappelait les propos d’Eremes à l’intention de Kunotso, sauf qu’il était dans sa nature d’avoir un supérieur. Alors cela signifiait-il que Masa était aussi une CORPSE Corps ? Pour le jeune homme, il y avait trop de questions, et pas assez de réponses dans un laps de temps si court. C’est pourquoi il se releva doucement, et amena la jeune femme jusqu’à lui, jusqu’à ce que leurs deux corps puissent enfin se toucher. Ceci fait, l’inconnu posa la paume de sa main sur la poitrine de Masa, et ferma les yeux pour mieux ressentir les sensations.

*Bom… BoBom… BoBom… BoBom…*

Son rythme cardiaque était stable aux yeux du garçon, ce qui lui faisait deviner qu’elle ne mentait pas, et celui-ci commençait enfin à recoller les morceaux de ce mystère. Alors comme ça, elle était réellement devenu son serviteur ? A cette pensée, le jeune homme ne pu retenir un certain sourire plein de malice. Peu importe comment cela s’était mis en place, et même si cette situation était liée à la phrase, seul le résultat comptait à ses yeux. C’est pourquoi il se sépara du corps de la jeune femme pour l’admirer sous toutes ses coutures : Elle devait être puissante, bien que son corps demeurait frêle…
Passant la main qu’elle avait nettoyé de son sang, le jeune homme fit revenir ses mèches en arrière et dévoila enfin ses traits à Masa : Ses cheveux étaient dorées, et se mélangeaient merveilleusement à la couleur rouge du sang qui ornaient son corps, par ailleurs, ses yeux aussi étaient de la couleur Or, et il était facilement compréhensible que leur teinte n’était pas le fruit de la nature. Plongeant son regard dans celui de Masa, l’Or dans le Sang, il prit la parole sur un ton suffisant.

« Ne m’appelle pas ‘maître’, mon nom est Har… Magnus. Et si tu tiens tant à me servir, libre à toi… »

Il ne lui faisait pas encore entièrement confiance, et cela se sentait dans son regard ainsi que sa façon de parler. Pourtant, cela lui importait peu au final, et il se contenta de se retourner afin d’admirer la crypte aux allures morbides. Pendant des années il n’avait pu admirer l’endroit même où il vivait à cause de ses yeux imparfaits, et maintenant qu’il en avait la possibilité, il ne désirait qu’une chose : éteindre les projecteurs pour ne plus avoir à supporter ce spectacle abject. Mais avant même de pouvoir faire ne serait-ce qu’un pas, Magnus entendit une voix qui captiva toute son attention.

"OUVREZ!! RENDEZ-LE-MOI!!!! RENDEZ-MOI HARIMA! VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT!"

Qui était-ce donc, pour réussir à franchir cette barrière de métal ?! Logiquement, pas une personne, pas un son n’aurait pu traverser cette immense porte de l’extérieur sans les ‘clés’, et celles-ci avaient déjà été utilisées. Regardant le fond de la pièce, comme s’il espérait avoir une réponse, le jeune homme se dirigea vers les quelques écrans et enclencha une nouvelle fois les caméras pour essayer de comprendre. Apparemment, c’était la jeune femme d’Harima qui avait réagit à ce que Magnus avait dit il y a peu, par le biais des haut-parleurs. Les mains ensanglantées, frappant et criant comme une hystérique, Hana pestait contre les paroles qui condamnaient l’accès de la porte, à tel point que la petite fille qui l’accompagnait la regardait d’un air abasourdi. Décidemment, ces personnes devaient tenir à Harima…

« Si je suis véritablement ton maître, et que tu ne mens pas, voici trois ordres… »

Laissant les caméras enclenchées pour être au courant de la situation, le jeune homme s’était toutefois avancé vers Masa et ce, afin de lui faire part de ses désirs.

« En premier lieu, si nous sommes attaqués, tu dois t’en prendre aux plus faibles personnes situées au dehors, pour nous en débarrasser au plus vite.
Ensuite, tu es libre de faire ce que tu veux, que je sois blessé ou tué, tu ne dois pas t’en soucier, et fais attention à ne pas commettre la même erreur que moi au combat, compris ?
Nous ne devons pas rester ensemble, et risquer de devenir une cible facile, donc si nous nous trouvons à moins de quinze mètre l’un de l’autre, reste en vie et enfuis toi en me laissant couvrir tes arrières.
Enfin… »

Continuant sur sa lancée, Magnus dicta donc ses demandes et regarda un dernière fois la porte, tout en ajoutant sur un ton de malice malsaine :

« Qu’ils te recherchent toi ou Harima ne me concerne pas, nous ne sortons pas pour l’instant. Contentons-nous d’observer la situation, peut-être partiront-ils d’eux-mêmes ces imbéciles… »

En réalité, s’il restait sourd aux menaces d’Hana, le jeune homme se délectait de ses cris et de sa colère, douce musique à ses oreilles, alors… Pourquoi interrompre un tel spectacle musical ?