Reykjavik, capitale islandaise...
Blottie entre deux maisons de bois peint d'une rouge écarlate, Élise grelottait misérablement. Elle était en Islande depuis quelques jours après un voyage comme passagère clandestine dans la soute d'un avion.
Elle était toujours à la recherche de ses anciens compagnons de captivité, les Schiffs du laboratoire. La solitude devenait tellement pesante. Impossible de se faire passer pour une humaine, elle ne les comprenait pas, elle ne pensait pas comme eux.
La neige recommençait à tomber. Elle avait froid et faim... C'était aussi la raison de sa solitude. Comment être acceptée par les humains et leur dire que son unique nourriture était leur sang ? Alors elle avait entamé une vie furtive dans cette île. Et il faisait si froid avec cette maudite neige... Élise se faisait l'effet d'une toute petite chose grelottante et trempée.
Un chien s'aventura près des poubelles, tout près de sa pseudo cachette.
- Thor, ici !
Une voix d'homme. Élise tressaillit. Il venait dans sa direction. Elle se recroquevilla plus encore mais peine perdue, le chien avait senti sa présence. Il grognait et reniflait.
- Thor ?
L'homme était tout près. Élise en aurait presque glapi.
- Va-t-en, chuchota-t-elle, suppliante, au chien Thor.
- Thor ? Qu'est-ce que tu as trouvé là ?
Trop tard, il l'avait vue. Élise se raidit.
- Mais que faites-vous là ? Qui êtes-vous ?
La voix était aimable mais Élise ne répondit pas, le capuchon de sa cape rabattu sur son visage. C'est alors qu'il eut le geste de trop : il abaissa la capuche de la jeune Schiff et regarda son visage.
- Mais vous êtes une enfant ! Une charmante elfe, ajouta-t-il, rieur.
C'était vrai que les Islandais croyaient en des créatures nommées Elfes. Étaient-ce des chiroptères aussi ou bien une légende ?
- Je ne suis pas une enfant, je suis...
- Très jolie, vous êtes très jolie, la coupa-t-il en badinant. Levez-vous, vous n'allez pas rester dans ce froid. Venez donc chez moi...en tout bien tout honneur, naturellement.
Il voulut l'inciter à se lever en saisissant son avant-bras. Élise paniqua. Sa faim prit le dessus et, d'un bond, elle se suspendit à l'homme pour planter ses deux canines dans sa carotide.
- Qu'est-ce..., commença-t-il à articuler.
Il ne put cependant échapper à l'étreinte de fer de la jeune Schiff et tomba dans une profonde torpeur à mesure qu'Élise le vidait de son sang, sous les aboiements furieux de Thor. Enfin, elle l'étendit sur le sol enneigé, au milieu des poubelles.
Le chien continuait de hurler encore et encore. Des fenêtres s'éclairaient, sans doute des gens interloqués par ce vacarme. Ils allaient bientôt appeler la police.
Élise s'enfuit, ne laissant aucune trace dans la neige. Il n'y avait rien pour elle en Islande. Elle fonça vers l'aéroport, déterminée à prendre illégalement le premier vol en partance pour n'importe quelle destination...
