Auberge appaisante

Au fur et à mesure que la distance avec le lieu annoncée par AoS se réduisait, le jeune homme perdait peu à peu connaissance. Il ne parvenait pas à garder ses yeux ouverts, et sentant qu’il ne pourrait pas rester éveillé pendant la totalité du trajet, regarda au dessous de lui : Il y avait juste un tapis bleu semblant être la mer. Dire que Magnus ne l’avait jamais vraiment vu, et maintenant il ne pouvait même pas la toucher…
Pourtant, retournant sa tête qui commençait à être engourdie par le froid, le jeune homme se blottit contre AoS. Peu importe où elle l’emmenait, il avait de toute façon confiance en elle, au point de lui laisser la possibilité de le lâcher à cette altitude. C’était bien, son corps était si chaleureux… Cela aida par ailleurs le frère à s’endormir.
Et, lorsque enfin les deux êtres atterrirent, Magnus continua de rêvasser, encore perdu dans ses songes. Il entendait juste la voix lointaine de sa servante qui lui permettait de se guider, encore à moitié endormi. Mais lorsque enfin la jeune femme le mena à cette auberge, il se sentit soulagé : Il allait enfin pouvoir se reposer décemment.

« Très bien, tu connais vraiment beaucoup plus ce monde que moi, tout ce que je n’ai jamais connu est resté dans le village. »

Le jeune homme avait prononcé ces mots par dépit, se rendant compte de sa propre ignorance. En fin de compte, même s’il avait été le préféré de son Père, les trois frères étaient tous des échecs. Cette prise de conscience était nécessaire au jeune homme, et bien qu’il le savait, c’était vraiment dur à accepter. Toutefois, se libérant doucement de l’aide apportée par AoS pour l’aider à descendre du vélomoteur, il alla parler à l’aubergiste.
Ce dernier vit tout de suite que le jeune homme était en grand état de fatigue, et assura qu’on pouvait le payer lorsqu’ils partiraient. Sans doute étaient-ils tous très gentils dans la région, ou peut-être était-ce simplement que le fait de voir Magnus mourir de fatigue après s’être vu refuser une chambre par l’aubergiste serait une bien mauvaise publicité.

*Dormir, enfin…*

Sans rajouter un mot, le jeune maître se laissa tomber sur le lit, alors qu’il avait prit la main d’AoS pour ne pas être séparé d’elle. En effet, Magnus ne voulait plus se retrouver seul maintenant que son frère était en liberté, non pas que c’était de la lâcheté, mais qu’il valait mieux être ensembles que dispersés.
Toutefois, une légère mésaventure s’opéra alors qu’il s’affalait sur le matelas : Oubliant de lâcher la main de la jeune fille à cause du sommeil, Magnus l’emporta avec elle de force, car au fond, il était lui aussi un Chyroptéra… Pourtant, le jeune homme ne se réveilla même pas, et continua de somnoler en faisant pour la première fois de sa vie des rêves joyeux. C’est sans doute pour cela qu’il fini par attraper AoS comme un traversin, en posant sa tête contre sa poitrine, innocemment.

« Mugn… Ne mange pas ça trop vite, laisse m’en… un peu… Ace… Ventura... »

Il devait sûrement rêver d'un repas animé, sans doute pour oublier tout ce qui l’attendait dans la réalité.

Magnus rêvait pour la première fois depuis des années, en effet, dans la crypte, le sommeil artificiel auquel il avait été soumit ne lui permettait pas de le faire. Il était juste inconscient, et ce afin régénérer son corps. La raison était que si le long de son sommeil, le sujet faisait un cauchemar sans fin, son esprit pouvait être complètement détruit par la pression psychologique.
C’est pourquoi, lorsque le jeune homme se réveilla tout doucement en gardant les yeux fermés, le bonheur l’habitait. Le banquet auquel il avait rêvé avait été merveilleux, et en plus, Magnus avait un oreiller moelleux pour sa tête. S’y blottissant encore plus, le jeune homme se souvint des circonstances de son coucher, et fini par ouvrir les yeux pour se rendre compte que ce qu’il prenait pour un oreiller n’était nul autre.. que la poitrine d’AoS. Voulant se relever brusquement, le jeune homme remarqua qu’une autre personne était dans le lit : Sylphie.

*D-De quoi ? Qu’est-ce que… j’ai fait ?!*

Même si maintenant ses idées étaient de nouveau lucides et claires, Magnus se souvint qu’avant de dormir, son état était proche de l’inconscience. Il ne contrôlait plus vraiment ce qu’il faisait à vrai dire. Mais, cela voulait-il dire qu’il avait… profité de la fillette ainsi que de la mère ?
Se faisant lui-même un mélodrame, le jeune homme essayait de réfléchir posément à la situation, et à cet instant, même Kazuo était le cadet de ses soucis. C’est pourquoi, repensant aux paroles de sa mère qui disait qu’il fallait toujours assumer ce que l’on faisait, le jeune homme se releva en étant au bord de l’affolement.

« J-Je… Si je t’ai fait du mal, je te prie de m’excuser, je ne voulais pas que ça en arrive là ! »

Magnus s’était adressé à AoS, même si celle-ci ne l’entendait sûrement déjà plus, et était maintenant relevé du lit pour penser calmement : S’il avait vraiment passé une nuit torride avec Aiko et AoS, cela voulait-il dire qu’il était maintenant obligé de devenir… papa ? (O.O) Voyant tout son avenir s’écrouler devant lui ainsi que ses illusions de jeunesse, le jeune homme se retourna avant de regarder la petite fille : Elle était mignonne quand elle dormait. Magnus n’aurait d’ailleurs pas cru qu’elle était la fille du Chevalier qui avait voulu enclencher un conflit si on ne le lui avait pas dit…

« Je comprends pourquoi Eremes tenait particulièrement à toi, petite fille… »

Il avait dit cela en caressant la joue d’Aiko, en essayant de ne pas la réveiller. Il savait que ce n’était pas vraiment à faire, mais il l’enviait d’avoir une maman.

Magnus caressait toujours la joue de Aiko lorsqu’il entendit enfin AoS qui lui adressait la parole. Il avait dû trop remuer dans l’affolement, car sinon, comment aurait-elle pu se réveiller en même temps que lui ? Se rendant compte qu’il touchait la petite fille, le jeune homme eut un geste de retrait, et s’apprêtait à s’excuser, lorsque la femme parla à nouveau. Se comporter bizarrement d’après ses dires ? C’était plutôt à Magnus de dire ça, lui qui croyait toujours qu’il avait agressé AoS et sa fille.
Néanmoins, d’après les propos de la jeune femme, il comprit bien vite qu’il n’en était rien, et que tout cela n’était qu’un gigantesque quiproquo, car il ne voyait pas pourquoi ça serait à elle de s’excuser dans le cas contraire.

« Mais non, ce n’est pas toi, au contraire, c’est moi qui… »

Pourtant, il ne réussit pas à placer une seule parole, tant AoS était persuadée de sa responsabilité dans son réveil. Et même, cette dernière alla jusqu’à dire qu’il valait peut-être mieux qu’elle change de chambre, car elle « dérangeait Magnus » ?! C’en était trop, et le jeune homme s’avança vivement vers elle avant de la prendre dans ses bras, et de blottir sa tête baissée contre sa poitrine.
Enfin, il finit par prendre la parole en étant à la limite de crier, comme si ce qu’avait dit la jeune femme l’avait énervé… ou blessé ?

« Imbécile ! Ne t’excuse plus jamais pour ça ! Me réveiller ? J’ai bien assez dormi pour toute une vie ! Je ne veux plus être comme avant..»

C’était vrai, dormir n’était pas une des choses qu’il voulait le plus faire. Cela lui rappelait à chaque fois son sommeil artificiel dans cette pièce si grande, mais aussi froide et noire que la nuit glacée d’un blizzard. Et, doucement, tout doucement, le jeune homme l’éloigna avant de parler d’une voix grave.
Il savait que ce sujet devait être abordé au moins une fois… Et il venait d’en prendre la décision en voyant Aiko endormie.

« De plus, il faut que tu prennes une décision.. Une guerre va continuer entre moi et mon frère, et… Il serait peut-être préférable que tu ne sois plus avec moi, ça serait trop dangereux. »

Magnus ne doutait pas des capacités de combat d’AoS, mais il savait que quand il le voulait, Kazuo pouvait être pire que tout ce qu’il avait pu voir en cauchemars… N’avait-il d’ailleurs pas infligé une blessure à Hana sans que le jeune homme ne puisse faire quoique ce soit ?
C’est pourquoi, en regardant Aiko, il ajouta dans un souffle :

« Regarde-la, ce n’est pas un scénario que pourrait vivre une petite fille de son âge. D’ailleurs, elle a déjà bien assez eut de misères comme ça, tu as parlé dans ton sommeil… »

Il n’était pas bien difficile de deviner ce à quoi la Chevalière avait rêvé, avec ce qui s’était passé lorsqu’Higame s’était montré. Ainsi, Magnus s’inquiétait pour la petite fille, ainsi que pour Misuzu. Si la génération d’Harima et de Magnus était souillé par le sang, celle des fillettes ne devait pas l’être.

Magnus prit peur lorsqu’AoS s’excusa à nouveau, comme si ce qu’il avait dit n’avait servit à rien, et pire encore, qu’elle croit qu’elle l’avait énervé. Toutefois, alors que le jeune homme s’apprêtait à ajouter quelques paroles qu’il avait sur le cœur depuis longtemps, la jeune femme s’agenouilla et tint un bien étrange discours. ‘Masa’ ? N’était-ce pas là le nom de la Chevalière qu’était venu chercher cet Higame ?
Magnus, lui, ne comprenait pas ce qu’elle disait : AoS avait donc disparu, ou plutôt avait fusionné avec la jeune femme qui se trouvait en face d’elle… En apprenant cette nouvelle, il en eut les jambes coupées, et s’affala sur le lit. Son regard se perdant sur le plafond, le jeune homme parla d’une voix lasse.

« Malgré tout ce que tu dis, ça signifie que je ne pourrai plus reparler directement à AoS, et ne pourrai même pas la remercier de ce qu’elle a fait pour moi.. »

Se cachant le visage pour qu’on ne voie pas qu’il était sur le point de pleurer, le jeune homme se rendit compte que ce qu’une personne normale vivait en plusieurs années, lui le passait en quelques journées. Etait-ce cela, grandir ? Dire au revoir à une personne que l’on aimait ?
Se relevant et voulant continuer la discussion avec ‘Masa’, Magnus prit la parole d’un ton grave. Il ne pouvait pas arriver à considérer cette jeune femme comme étant AoS, comme étant celle qu’il…

« Soit, tu resteras à mes côtés, toutefois, ne parle plus de toi comme étant une arme ; AoS avait cessé de le faire, si elle a réellement fusionné avec toi, ne le fais plus non plus… C’est trop injuste, d’être une arme. »

Il savait quelle était la sensation de n’être considéré que comme un objet, qui plus est, d’être considéré comme tel par son propre père. Et, sachant par AoS que Masa avait souffert de voir son mari le faire, le jeune préférait ne pas déclencher un autre conflit.
Toutefois, il continua sur sa lancée en laissant son regard se perdre dans le vide..

« C’est dommage, cette femme, Erika, semblait en savoir long sur toi ; mais elle a disparu lors de l’apparition des Chevaliers… Je pense que je parlerai à Tessa, il faudrait que je tente quelque chose. »

En effet, la Chevalière nonne semblait s’y connaître aussi en Alchimie ou autres sciences, et c’est pourquoi le choix du jeune homme s’était tourné vers elle. Bah, tout était dit maintenant, et il valait mieux décider de la suite des évènements avec Masa dorénavant.

« Bien, je comprends ton choix de rester… Néanmoins, que devrions-nous faire ? Je ne crois pas que Kazuo viendrait tout de suite nous attaquer, as-tu un endroit précis où tu voudrais aller ? »

Lorsque Masa expliqua les possibilités qui s’offraient à Magnus pour pouvoir parler à AoS, ce dernier comprit que ce qu’il avait dit pouvait avoir de blessant. Après tout, ne venait-il pas de dire qu’il préférait parler à AoS plutôt qu’à la jeune femme ici présente? Pourtant, avant même qu’il ne puisse ajouter un seul mot, une seule parole, la Chevalière s’approcha du jeune homme et posa la tête contre son torse. A ce moment précis, Magnus voulut faire comme à son habitude, et caresser la tête de la jeune femme comme un père l’aurait fait pour sa fille, ou un frère pour sa soeur. Mais il ne put contenir son envie de passer ses bras derrière la tête de Masa, et de l’étreindre à son tour.
Le jeune homme se sentait bien dans cette position, elle n’avait rien d’exceptionnel, mais serrer AoS dans ses bras était apaisant pour lui. Celui lui rappelait qu’il existait bien, et qu’elle aussi était là. A vrai dire, la peur de la voir disparaître était présente, et il avait été rassuré –malgré lui- lorsqu’elle avait décliné la proposition de l’abandonner. L’apaisement était tel qu’il n’écoutait qu’à moitié ce qu’elle disait, d’ailleurs, il comprit juste qu’elle proposait de devoir prendre sa place, juste pour les combats; ce qui eut pour effet de le faire réagir.

« Non, ce n’est pas nécessaire, d’après ce que j’ai compris, vous êtes toutes les deux présentes en ce moment même, et si cela lui convient, à moi aussi. De plus, si tu n’apparaissais que pour les combats, tu te rabaisserais au niveau de simple arme. »

Mais pendant qu’il parlait, le jeune homme vit bien que Masa fronçait des sourcils, après qu’il eut parlé d’Erika, décidemment, beaucoup de problèmes se profilaient sûrement à l’horizon. Toutefois, cette dernière proposa une marche à suivre au jeune homme, mais celui-ci avait un mauvais pressentiment.
D’une part, il craignait de rencontrer à nouveau Kazuo, et d’autre part, de croiser Higame… Le scénario catastrophe étant bien sûr de les voir arriver en même temps. Et justement, les deux choix qui s’offraient à lui n’étaient pas vraiment sûr, mais après tout, lui-même n’avait rien de mieux à proposer.

« Eh bien je… »

Il ne finira jamais sa phrase. En effet, Masa, voulant probablement reculer, le fit avec plus de conviction de nécessaire, et en vint même à baisser la tête. D’ailleurs, même si elle voulait le cacher à l’aide de ses mains, Magnus vit bien qu’elle rougissait.
Lui, par ailleurs, était hypnotisé par la jeune femme, et le sentiment qui se déployait en lui n’avait jamais été aussi fort. Il ignorait ce qu’il en était exactement, mais là où se situait son coeur… Là où Masa avait posé la tête, cela lui faisait si mal… Si mal de quoi? Il ne le savait pas, à vrai dire, il avait mal et était en même temps heureux; mais pourquoi?
Aucune réponse logique possible. Il avait beau chercher et rechercher, jamais Magnus n’avait ressentit ça auparavant. S’approchant doucement de la jeune femme, il l’attira sur le lit par la taille avec autant de douceur possible. Leurs visages n’étaient maintenant séparés que par quelques centimètres, et le jeune homme ajouta dans un souffle.

« Je te prie de m’excuser si je t’offense, mais… je ne sais pas vraiment ce qui m’arrive, pour moi, tout ceci est nouveau… C’est juste que… Je n’ai qu’une envie, c’est d’être auprès de toi; ici, sans partir ailleurs pour le moment »

Qu’est-ce que cela signifiait? Ses pensées étaient chaotiques, ses dires aussi, il espérait avoir une réponse, violente ou non de Masa. Car pour lui, elle seule était capable de lui en fournir une qui arriverait à l’apaiser. La douleur qu’il avait au coeur s’était accrue, ce dernier battait à la chamade, et posant son front contre celui d’AoS, Magnus ajouta, sur un ton qui trahissait sa crainte de parler.

« Je crois que… je t’aime. »

Le jeune homme avait parlé si bas que lui-même eut du mal à s'entendre, ces mots n'avaient certes pas été clamés haut et forts, mais c'était déjà un exploit pour Magnus d'avoir parlé autant de ses sentiments inconnus.

Impossible de se calmer…Masa continuait à rougir dangereusement, et n’arrivait pas à redevenir sereine, tandis qu’elle essayait de respirer profondément pour s’aider. Elle le faisait assez discrètement, histoire que Magnus ne remarque pas trop sa gêne, mais était toujours apte à entendre les paroles de son maître.
Seulement voilà, son état ne s’améliora pas vraiment…En effet, Magnus lui avait rendu son étreinte lorsque la jeune femme avait décidé de l’enlacer, et cette dernière n’avait fait qu’apprécier ce moment. Apprécier ? Elle était pourtant dans les bras d’une personne qu’elle ne connaissait pas depuis si longtemps, et malgré tout elle se sentait comme si la personne en question avait été Higame à l’époque. Non, Magnus n’était pas Higame, il était plus doux, plus soucieux de la jeune femme que le Chevalier. Il semblait si…parfait ? Et pourquoi ne l’avait-elle pas rencontré plus tôt d’ailleurs ? Parce que, même si quelque part elle s’en voulait de ressentir ceci, la Chevalière voulait rester avec son maître, peu lui importaient Kazuo et Higame. A vrai dire, s’il n’y avait pas d’éventualité de combat, Masa n’aurait pensé à rien d’autre qu’au jeune homme. Pourquoi…pourquoi ?? Masa se rendait compte qu’Ace of Swords avait caché bien des choses, et qu’elle découvrait maintenant quelle en était la teneur. Mais, les pensées de la jeune femme étaient tournées uniquement vers Magnus, et ce fait la troublait énormément. Jamais elle n’aurait cru que…

"Mais je…Pour les combats, je ne pourrais pas vous laisser encaisser des coups comme cela ! Higame possède plus de ressources qu’on ne peut l’imaginer, et je ne veux pas que…Si jamais il vous arrivait quelque chose, je m’en voudrait… "

Elle avait réussi à lui répondre, difficilement cependant. Il était vrai qu’elle redoutait le combat, mais pas à cause de sa propre santé, plutôt par crainte de voir Magnus blessé, ou pire…Et puis, qui sait si Higame ne viendrait pas avec du renfort, ou si Kazuo arrivait à les trouver et cherchait misère à Magnus. Tout ceci la contrariat mais la stressait en majorité. Savoir que son maître risquait autant la perturbait au point de ne plus pouvoir réfléchir comme elle l’aurait fait auparavant. Mais sa gène s’ajoutait à tout ceci, amenant la Chevalière au seuil de la folie. A quoi penser ? Que faire en premier ? Comment calmer tout ça ? Tant de questions qui restaient sans réponses, jusqu’à ce que quelque chose vienne bouleverser l’état de la jeune femme.
Magnus semblait commencer à répondre à ce que la Chevalière lui avait proposé, mais stoppa sa phrase au bout de quelques mots. Vint ensuite un geste que Masa n’aurait jamais imaginé de la part du jeune homme…Il l’avait saisie par la taille et l’avait de nouveau couchée sur le lit, cette fois conscient de ce qu’il faisait. Mais au lieu de perturber la jeune femme, ce geste la calma un moment. Pourtant, Masa sentait que quelque chose changeait…Etait-ce elle ou bien Magnus ? Elle ne le savait pas, mais pouvait dire que ce n’était pas encore finit. Peut-être que cela venait de elle finalement, elle se sentait effectivement bizarre depuis que Magnus l’avait allongée sur le lit, comme si quelque chose d’important allait se produire.

"Ne vous excusez pas, vous n’avez pas à le faire. Je ne suis nullement offensée car…moi aussi je ne désire qu’être avec vous, et rien d’autre. Peu m’importe la destination que vous décidiez de choisir, je vous suivrai partout où vous irez. Bien que je l’avoue, je préfère rester ici tout comme vous. Rester ici, comme ça…"


Comme si elle avait un pressentiment sur la suite, Masa s’était mis à réfléchir à toute vitesse. Réfléchir, mais à quoi ? En fait, elle ne le savait pas vraiment, mais elle cherchait à anticiper ce qui allait s’ensuivre, sauf qu’elle s’attendait à tout sauf à ce qui allait réellement se passer. La jeune femme semblait paniquer intérieurement, mais en apparence elle était calme, du moins pour le moment…

« Je crois que… je t’aime. »

Bam ! Voilà ce que venait d’avoir ces paroles comme effet. Masa était sidérée, elle ne savait plus quoi dire, ni comment réagir. C’était comme si le monde venait de disparaître, alors que ce n’était pas la première fois qu’elle vivait cette situation. Mais, comment dire, cette fois la Chevalière pouvait ressentir la vague de sentiments crée par Magnus. Une drôle de situation à vrai dire, elle ne savait pas tellement comment décrire ce qu’elle ressentait réellement.
Mais ce que la Chevalière savait, c’était qu’elle devait donner une réponse à son maître. Comment lui dire, là était la question…Qui était-il pour elle en réalité ? Quels étaient ses sentiments envers Magnus ? Cela semblait si simple à première vue, mais c’était pourtant tout autrement pour faire sortir les mots.
Masa resserra ensuite son étreinte envers Magnus, même si il était plutôt dangereux d’accentuer davantage le rapprochement des deux corps dans cette position. Mais ce n’était pas vraiment à cette position justement que la Chevalière pensait, car les derniers mots prononcés par son maître résonnaient tel en écho dans sa tête depuis tout à l’heure.
Décidant cependant de se laisser aller, Masa rapprocha lentement son visage de celui de Magnus, hésitant dans un premier temps et stoppant quelques petites fois avant de réessayer sa tentative à chaque arrêt. Au final, ses lèvres vinrent très doucement effleurer celles du jeune homme, avant que cela se transforme en véritable baiser.
Elle resta ainsi pendant quelques minutes, ne voulant pas se retirer dans l’immédiat et appréciant par la même occasion la douceur des lèvres de son maître, jusqu’à ce qu’elle se décide à reposer sa tête sur le lit, et à regarder Magnus droit dans les yeux d’un regard où se mêlaient différents sentiments exprimés à travers ses yeux.

"Je…Je vous aime aussi."

Ayant légèrement la tête dans les nuages, Masa avait réussi à avouer ses sentiments en s’efforçant d’avoir un ton assez audible. Et pour la première fois depuis bien longtemps, elle revivait, elle ressentait à nouveau une chaleur indescriptible qui lui redonnait la joie de vivre.

Magnus n’était vraiment plus à l’aise, en attendant anxieusement la réponse de Masa. En effet, pour lui, il n’y avait que deux issues à cette situation : Dans la première, la jeune fille acceptait son amour et le lui rendait ; dans la seconde elle le rejetait et même une relation amicale était impossible ; dans la troisième, elle serait dégoûtée et ne voudrait plus rester avec le jeune homme. Des trois solutions, ce dernier pensait que la seconde était le plus probable, car en effet, Masa elle-même, bien qu’elle le connaissait, ne devait sûrement rien éprouver pour lui. Après tout, ces personnes ne venaient-elles pas de vivre une expérience douloureuse avec le Chevalier Higame ? Pourquoi donneraient-elles à nouveau leurs confiances aux hommes ?
Pourtant, alors que les secondes s’écoulaient et que les joues du jeune homme devenait écarlates, la Chevalière s’était rapprochée peu à peu, en bougeant bizarrement des lèvres. Voulait-elle lui dire quelque chose, mais ne savait-elle pas comment s’y prendre ? Sans doute un refus oui… Masa essayait sans doute de ménager Magnus en choisissant bien ses mots.
Mais, à la grande surprise de ce dernier, la jeune femme finit par se rapprocher, encore et encore, jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent. Qu’était-ce donc ? Le frère d’Harima n’osa pas réagir tout de suite, et à ce moment-là, quelques souvenirs jaillirent à nouveau à sa mémoire.
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La mère des trois frères était assise, juste devant eux, à leur conter une histoire. Kazuo, qui ne ressemblait pas encore à celui que connaissaient nos compagnons, s’était déjà endormi. Le seul point commun qu’il avait avec celui que Magnus venait juste de voir était sa peau mate. Par ailleurs, ce dernier était avec Harima, en train d’écouter le compte de Blanche Neige. Ils en étaient à la fin, et alors que les deux petits garçonnets retenaient leurs souffles pour savoir quelle serait la conclusion, la jeune femme aborda le chapitre où le Prince accordait le baiser salvateur à sa bien aimée.

« Beuh… Faire un bisou à une fille ? Ca ne m’intéresse pas, mieux vaut ne pas s’occuper d’elles, elles ne font que rire dès qu’elles nous regardent ! »

C’était avec une voix d’enfant que Magnus avait parlé, et qu’il exprimait son mécontentement. En effet, parfois quelques fillettes accompagnaient leurs pères lorsque ces derniers devaient faire faire des testes aux garçons. Qu’il n’aimait pas ces petites chipies qui semblaient s’amuser rien qu’en regardant son expression ! Harima, lui, n’avait pas particulièrement réagit, comme à son habitude à cet âge-là, il se contenta de se lever et d’aller s’allonger pour dormir comme son frère.
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*C’est donc cela un baiser, quelle ironie, moi qui disais que je ne le ferai jamais…*

Fermant le yeux en appréciant ce moment qui rallia son passé à son présent, Magnus resserra l’étreinte qu’il avait fait à AoS, et là, même la situation actuelle n’était plus présente à son esprit. Pourtant, lorsque enfin la jeune femme se sépara de lui pour s’allonger complètement sur le lit, elle ne semblait pas savoir réellement comment réagir. Etait-elle gênée ? C’était tout ce qu’il y avait de plus normal après tout, savoir que l’on ait des sentiments amoureux ne serait jamais facile à comprendre.
Laissant ainsi son premier baiser s’envoler, Magnus finit par s’allonger près de celle qui se disait sa serviteur. Sylphie, elle, semblait encore endormie, comme si inconsciemment la fillette ne désirait pas déranger ces deux grandes personnes.

« Mais… Que fais-tu… d’Higame ? »

La tutoyant complètement, Magnus n’était pas vraiment sûr qu’ils faisaient le bon choix. Après tout, c’était sa première histoire d’amour, et l’incertitude régnait en son cœur. Higame lui, était allé jusqu’à venir chercher la jeune femme pour la ramener près de lui, alors ne risquait-elle pas de repartir à nouveau avec elle ? Le jeune homme avait agit sans vraiment réfléchir, mais pensait maintenant à ce qui pourrait se passer, pour elle, et pour tout le monde.

Se demandant si finalement elle aurait du taire ses sentiments, Masa attendait de voir comment Magnus allait réagir à sa réponse. A vrai dire, elle n’avait jamais été aussi stressée de sa vie, pas même lorsqu’on lui fit une déclaration pour la première fois. Pourtant, il n'y avait pas vraiment lieu de ne pas rester calme, après tout la Chevalière ne connaissait son maître que depuis peu, c'était vrai, sauf que c'était tout le contraire...Alors qu'elle n'avait pas spécialement envie de revivre la même chose qu'avec Higame, voilà que son coeur s'emballait contre son gré. C'était à ne plus rien y comprendre, même le baiser n'était pas prévu!
Pourtant, même si la Chevalière n'était pas vraiment en état d'aimer à nouveau, elle savait quels étaient ses sentiments envers Magnus. Décrire ce qu'elle ressentait pour lui? Impossible. Tout ce qu'elle savait c'était que son amour envers lui était bel et bien réel, peu importaient les conséquences. Higame viendrait la rechercher? Hé bien il pouvait toujours essayer. D'ailleurs, Magnus se demandait ce qu'il adviendrait du Chevalier, certainement avait-il peur que Masa lui soit enlevée.

"Higame? Il...Je l'ai bannis de ma vie. Sa tentative d'essayer de me ravoir n'aboutira jamais, il ne comprends vraiment pas que la force ne lui servira à rien. J'ai choisi, c'est avec vous que je désire rester, pas lui..."

Ses paroles étaient sincères, même si en même temps elle cherchait à rassurer son maître sur le fait qu'Higame ne saurait pas la récupérer. Et puis, s'il l'aimait vraiment, il la laisserait choisir avec qui elle désirait rester...Néanmoins, son obstination ne partait pas dans le vent comme ça. Masa savait que c'était de sa faute si le Chevalier ne cessait de la poursuivre, c'était logique...Mais en même temps, si elle ne l'aimait plus, elle avait mal pour lui, mal parce que si elle avait su où cela l'aurait mené, elle aurait cherché à ne jamais l'aimer. Restait aussi la question de savoir de savoir si la jeune femme aurait rencontré Magnus sans avoir fui Higame pour au départ demander l'aide d'Harima...
Le plus étonnant dans ceci était que Masa n'aurait jamais pensé ressentir de nouveau l'amour, et que malgré sa fuite Higame cherchait toujours à la récupérer. Aiko elle aussi faisait partie de l'étonnement, car depuis tantôt elle semblait dormir profondément, sans que rien ni personne ne puisse la déranger. La peite était même si paisible que l'on aurait cru qu'elle ne se réveilerait jamais. Certainement était-elle très fatiguée par tout ceci...

"Magnus...Je sais qu'avec vous elle ne risquera plus rien, comme vous l'avez dit elle a assez subit. Cette enfant n'est pas la votre, c'est vrai, mais pourriez-vous tout de même l'accepter comme étant votre fille? Elle vous apprécie grandement, je le sais, et je voudrais que plus jamais elle n'ait à souffrir..."

Aiko avait failli mourir, mais Higame s'était retenu in extremis. C'était certainement calculé ainsi, sauf que Masa ne l'aviat pas pris comme tel. S'en prendre à une fillette était la pire des choses...D'ailleurs, la Chevalière ne comprenait toujours pas comment il avait pu en arriver là, uniquement pour faire sortir son véritable elle. Maintenant c'était le cas, elle était complète, mais pas grâce à Higame non, bien grâce à Magnus. Ainsi, elle pourrait toujours faire croire au Chevalier que Ace of Swords est toujours celle présente, afin de pouvoir lui réserver la 'surprise' si jamais il utilisait la force.
Mais le moment était mal choisi pour penser à la bataille, car tout ce que voulait Masa à présent c'était rester avec son maître, le plus longtemps possible...
Seulement, pendant qu'elle regardait Magnus allongé à côté d'elle, quelque chose la saisit. Une présence familière était près d'eux, très près même. A bien y réfléchir, il lui semblait que c'était...

"Hana?"

Cherchant le regard du jeune homme, Masa lui expliqua ce qu'elle venait de percevoir. Après, ce serait à lui de décider ce qu'il faudrait faire, pourvu qu'elle ne soit pas séparée de lui entretemps. S'il décidait d'aller la chercher, elle irait avec lui, mais pas question de le laisser y aller seul, pas dans ces conditions, et pas avec la menace permanente d'Higame et Kazuo qui pouvaient à tout moment les débusquer.

"Elle n'est pas loin, il y a une autre auberge non loin d'ici, mais un peu plus à découvert. C'est dangereux de sortir maintenant, l'extérieur est agité...doit-on, aller la chercher?"

*C'est vrai qu'il ne faut pas la laisser là, mais en même temps elle n'est pas tout à fait en sécurité dans cette auberge, celle-ci est plus tranquille et moins facile à repérer. Mais si jamais Higame et Kazuo...*

La suite de la phrase était facile à deviner, mais comme Masa le pensait, laisser la Schiff là où elle était n'était pas la meileure chose, surtout qu'elle était avec son enfant. Qui sait ce qu'il pourrait advenir si le Chevalier et le frère d'Harima la trouvait avant de trouver les pricipales cibles? La jeune femme préférait ne pas y penser, elle aurait préféré que personne d'autre ne soit brutalisé par sa faute...

La jeune femme ne semblait pas vouloir laisser Magnus et Higame se battre, par peur que celui qu'elle aime ne se fasse blesser. Mais Magnus, lui, demeura impassible à sa remarque, et se contenta se focaliser sur la petite Aoko qu'il tenait dans ses bras. Il ne pu néanmoins murmurer, comme s'il voulait se parler à lui-même:

"Mais ce n'est pas vraiment pour toi que je le fais..."

Toutefois, Masa semblait être pressée de quitter les lieux, et préféra le faire par voie aérienne plutôt que par la marche à pieds. Cela risquait d'attirer encore plus l'intention sur eux, mais finalement le frère d'Harima ne dit rien et se contenta de se laisser porter. Et, après quelques minutes de vol, ils arrièvent enfin devant l'auberge -enfin plutôt l'hotel- que la jeune femme avait localisé. Ce dernier se trouvait à proximité de leur propre auberge, et Magnus se dit que ce ne devait certainement pas être par hasard qu'ils soient aussi proche. Ainsi, après leur atterissage, il attendit que sa compagnon ait replié ses ailes pour entrer à l'intérieur.
Il chercha alors du regard les deux personnes et aperçu à une table les deux blondes. Prenant la main de celle qui était maintenant la personne qui partageait sa vie, le jeune s'avança et les interpella, un peu moins naturellement qu'avec Masa. Il s'entendait mieux avec cette dernière qu'avec Hana et Misuzu.

"Hana, Misuzu? Que..."

'Faites-vous là'? C'est ce qu'il aurait aimé demander, mais c'était l'évidence même, elles rejoignaient le reste du groupe. La réelle question, celle qui était vraiment justifiée dans cette rencontre était plutôt 'Magnus, AoS, pourquoi nous avez-vous abandonné?" mais il ne préférait pas y penser. Ce n'était pas son intention, et il y avait plus urgent que de régler des comptes.

"Où sont les autres?!"

Harima, son frère, lui avait dit de protéger toutes les personnes avec qui il s'était lié d'amitié. Même s'il était jaloux de ce dernier, Magnus lui vouait une grande fidélité, et il ne se remettrait pas s'il arrivait malheur aux autres... Car cela signifiait qu'il aurait faillit à sa tâche.

Voyant enfin celui qu'elles étaient venues chercher, Misuzu abandonna son assiette pour courir se jeter dans les bras du jeune homme.

"Tonton Magnus! C'est moi qui t'ai trouvé!"

Mais si la petite fille n'avait pas porté attention à la question de Magnus, Hana l'avait fait elle, et elle baissa la tête. Elle était toujours honteuse d'avoir laissé les autres se battre pendant qu'elle cherchait son beau-frère comme le lui avait ordonné Tessa. Elle avait beau se dire que cette dernière l'avait obligée à partir et ne lui avait pas donné le choix.. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'on a toujours le choix et espèrait que la Chevalière allait bien...

"Ils sont restés en arrière... Ils m'ont demandé de venir vous retrouver..."

La petite fille ne comprit pas le ton triste de sa mère. Elle était toute fière d'avoir accompli sa mission et trouvé son oncle.

"Mais on les a trouvés maman! Tonton,", et elle prit un ton des plus distingués, se penchant légèrement en avant,"Vous et votre jeune compagne, nous vous invitons à notre table."

Sans pour autant dissiper ses inquiètudes, la scène eut au moins pour effet de détourner un instant les pensées d'Hana qui se demanda où sa fille pouvait bien avoir appris ça.

Une fois atterrie, Masa chercha la présence de celle que Magnus et elle étaient venus voir. Malheureusement, celui-ci la trouva avant elle. L'endroit où elle se trouvait n'était pas fort éloigné de l'autre auberge, mais la Chevalière n'avait pas tellement confiance en la sécurité de celle-ci. Même si elle s'était montrée prudente en vol, de manière à ce qu'on ne puisse pas la repérer durant le voyage, la jeune femme constata que l'auberge avait une vue plutot dégagée, mais en fin de compte, peut-être qu'on ne penserait pas à venir chercher tout ce petit monde dans un lieu peu dissimulé...Restait à espérer qu'Higame et Kazuo n'aient pas la bonne idée de fouiller dans les environs.
Ceci mis à part, Masa n'était pas mécontente de revoir Hana. Si elle était en vie, c'était que la bataille prenait une tournure gênante pour les combattants, et que la Shiff n'était pas non plus une cible. Du moins, c'était le point de vue de la Chevalière...
A voir le visage paisible de Misuzu, et sa joie d'avoir retrouvé son tonton Magnus, la jeune femme en oubliait presque que le groupe était poursuivi, elle par Higame, et Magnus aussi, mais en même temps par Kazuo. Tout ce qu'elle voulait c'était de la tranquilité, là, immédiatement. Que personne ne soit susceptible d'apparaitre et de bouleverser le calme auquel elle aspirait. Cette situation devenait sérieusement énervante, au point que la Chevalière aurait voulu s'éloigner quelques instants, histoire d'aller respirer l'air frais tant qu'il en était encore temps...
Voyant que Magnus et Hana discutaient, Masa en profita donc pour les laisser seuls, pensant aussi qu'ils avaient des choses à se dire, et se retira sans un mot, mais appelant sa fille pour qu'elle l'accompagne.

"Viens Sylphie, j'ai quelque chose à te montrer."

Non qu'elle avait en tête de montrer une chose interessante à sa fille, mais plutot qu'elle préférait lui faire visiter les environs, de manière à ce qu'elle puisse trouver une cachette si jamais la bataille prenait lieu ici.
D'un pas distrait, Masa avança, encore et toujours, vers une partie reculée de la berge, quelque part dans une sorte de clairière. Sa maladresse d'esprit fit qu'à un moment, elle s'écorcha bêtement contre un tronc, mais ne le remarqua qu'après avoir trouvé le lieu idéal. Naturellement, Sylphie découvrit la blessure de sa mère et s'inquièta à la vue du liquide rouge coulant assez abondamment le long du bras de Masa.

"Attends maman, je vais te soigner!"

Mais Sylphie ne pu s'empêcher de voler quelques gouttes de sang à sa mère, après tout c'était une Chevalière non? Elle s'excusa tout de même d'un petit rire enfantin comme elle savait si bien l'arborer pour amadouer ses parents lorsqu'elle faisait une bêtise. La faute pardonnée sans hésitation, Masa laissa sa fille courir sans inquiétude et ferma les yeux quelques instants en soupirant...
__________________________

Une erreur, une regrettable erreur...Masa n'aurait jamais du fermer les yeux, et encore moins les rouvrir. Le spectacle qui s'offrait à elle était, comment dire, horrible? C'était plutot incroyable voire impossible...
Devant elle se tenait...une autre Masa? Sa copie exacte, aucun défaut, comme si c'était sa jumelle. Pire encore, la jeune fille lui souriait, elle paraissait de bonne humeur malgré qu'elle se trouve face à la vraie Masa. La Chevalière, elle, en restait bouche bée. L'inconnue avait pu l'approcher sans se faire remarquer, sans même que sa présence ait été découverte. Pourquoi? Que faisait-elle là? Tout se bousculait dans la tête de la jeune femme, et elle ne trouva rien d'autre qu'à lui demander:

"Comment...Qui...Ce n'est pas..possible?"

"Cela te surprend tant que ça?"

La créature avait répondu sans attendre, et cela perturba encore plus Masa. Etrangement, elle suspectait l'identité de cette femme, mais si la vérité était celle là, alors une abberration avait été commise à son insu. Ce spectacle l'attristait également, car qui au monde accepterait d'avoir sa vie? Non, et pourtant sa copie se tenait devant elle, insouciante et souriante...Masa craignait lui demander son nom malgré la curiosité et l'envie plus que grandissante d'éclaircir cette situation.
Réflechissant longuement afin de ne pas poser la question, la Chevalière constata avec horreur qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule solution...

"Alors tu es..."

"Tu m'as reconnue, c'est bien. Mais tu sembles vraiment surprise de me voir, n'as-tu pas toi-même subit des transformation génétiques? Quoi de plus normal que je t'apparaisse sous cette forme non? Tu comprendras bien vite de quoi je suis capable. Si par exemple je te dis que je ne peux pas prendre l'apparence d'Higame là maintenant? Vois-tu quelle mutation m'a atteinte?"

"Je crois avoir compris, mais ton langage..."

"J'utilise le tien, tout simplement. Ta vanité, ta peur, ton amour, et tout ce que tu peux ressentir avec ça m'appartiennent en même temps que ton apparence. Malheureusement..."

Et elle s'en alla, comme si elle n'avait jamais existé. Le reste de ses paroles resta dans sa gorge, mais par chance, Masa les avait compris...
Soulagée que cet épisode soit terminé, elle referma à nouveau les yeux.
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Revenant à l'auberge accompagnée de Sylphie, Masa s'installa dans un coin, préférant attendre qu'on lui adresse la parole. Tous ces évênements l'avient laissée sans voix à vrai dire, et elle était trop fatiguée pour parler d'elle même. Elle attendit ainsi, jusqu'à ce que sa fille s'approche d'elle, prétextant avoir un secret à lui confier. Ce secret en question n'en était pas vraiment un, et surpris pendant quelques instants la Chevalière. Ensuite, elle regarda la petite et lui sourit pendant qu'elle lui répondait:

"Oui ma puce, je sais"

Magnus continua ainsi à parler à Hana, en ne s’apercevant pas de la disparition d’AoS, trop absorbé dans le récit qu’il essayait de comprendre. Ainsi donc, Tessa était resté en arrière, ainsi que tous les autres… Ce n’était pas bon, car si Kazuo était arrivé à ce moment-là, il n’y avait pratiquement aucune chance qu’ils s’en sortent. Toutefois, après avoir émergé de ses réflexions, le jeune homme se rendit compte que son aimée avait disparu, et la chercha du regard. Où pouvait-elle donc être? Le frère d’Harima n’aimait pas vraiment ne pas savoir où se trouvait les personnes qui lui étaient chères, après toutes les expériences désastreuses qu’il avait pu expérimenter ces derniers temps.
En s’excusant auprès d’Hana, et de sa nièce, Magnus sortit de l’auberge, et après quelques minutes de marche, aperçu Masa et sa fille. Il esquissa un petit sourire soulagé, mais ne préféra pas s’approcher d’elles. Si les deux jeunes filles avaient voulu s’isoler un peu, c’était quelque chose qu’il devait respecter. De plus, cela devait sans doute être la première fois que la mère et son enfant pouvaient être seules, depuis bien longtemps.

*Elles sont bien plus courageuses qu’elles en ont l’air… Elles sont fortes*

Toutefois, après l’épisode de l’écorchure de Masa, et de Sylphie goûtant un peu de son sang, la femme d’Higame agît bizarrement. Elle semblait en transe, les yeux fermés, et ne semblait pas aller bien.

Pourtant, Magnus ne fit pas un pas pour aller l’aider, il restait là, à la fixer, avec ses yeux dorés… Mais ses yeux étaient froids, comme s’il voyait un ennemi sur un champ de bataille, un ennemi qu’il se devait d’affronter pour survivre.

« Cette chose ne devrait pas exister.. »

« Je sais… »

« Cette chose ne devrait pas exister… Elle ne sait même pas tuer correctement… »

« Je sais… »

« Cette chose ne devrait pas exister… Elle ne sait même pas tuer correctement… Je devrais lui montrer comment faire… »

« Je sais… »

Ce n’était pas vraiment comme s’il entendait une voix dans sa tête, il n’était pas schizophrène c’était plutôt comme si… Comme si son sang lui donnait des pulsions, mais si fortes qu’il se devait d’y répondre oralement. De la sueur commençait à perler sur son visage, et un mal de tête l’accablait, cette pulsion, c’était…

« Tue-la… Tue-la… Tue-la… Tue-la… TUE LA TUE LA TUE LA TUE LA TUE LA TUE LA TUE LA TUE LA... TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER TUER »

« TAIS-TOI!! »

Il n’avait pas eu d’autres choix que de crier ces mots, comme pour clouer le bec à ses pulsions. Et ça avait marché: ces dernières ne se manifestaient plus, mais étaient toutefois encore présentes. Se tenant difficilement debout, Magnus s’assura que Masa n’avait pu rien entendre, et eut de la chance dans son malheur, car le vent étant contre lui, le cri avait été couvert par les légères bourrasques.
Passant la main sur son visage livide, pour en essuyer la sueur, le jeune homme entreprit de repartir à l’auberge. Il était venu chercher AoS, mais savait qu’il ne pourrait pas la regarder en face, pas maintenant en tout cas, pas après ce qu’il avait projeté de penser.
Au fond de lui-même, il savait très bien ce qui se passait, le lien du sang ne mentait pas, et Masa était loin d’être humain… Sa famille, le jeune homme aurait donné n’importe quoi de sa personne pour ne pas y être né. Mais sachant pertinemment que c’était impossible, il repartit d’un pas trainant vers l’auberge, en espérant que la vue de sa nièce pourrait le soulager. Apparemment, elle semblait ressembler plus à sa mère, heureusement pour nous tous…

*Mieux vaut ne plus y penser…*

Et, ne remarquant pas qu’il avait laissé du sang tomber sa main, tant il l’avait serré de rage, le jeune homme rejoignit Hana, à qui il parla d’un ton fatigué.

« Tu n’as pas eu le temps de te reposer, contrairement à nous, je pense qu’il serait bon que nous prenions une chambre dans cet Hôtel, mon frère m’en voudrait si je te laissais mourir d’épuisement… De plus, il te faudra du… »

Ne préférant pas terminer sa phrase, Magnus se dit qu’il aurait à parler à Masa au plus vite.

Masa attendait, essayant de ne pas penser à ce qui venait de se passer. Elle en jettait quelques regards furtifs et un peu appeurés à sa fille, ne sachant pas quoi faire pour se débarasser de la vision qu'elle avait eue...
Pourquoi avait-elle vu son double? Et pourquoi il avait fallu que ce soit...
Non, il ne fallait pas accorder trop d'importance à cela pour le moment. Si ça se trouvait, il se pouvait que la Chevalière ait trouvé un moyen pour affronter Higame avec sureté, sans avoir une seule chance de perdre. Un peu audacieux, certes, mais avec ce qu'elle avait en main, si elle n'avait pas rêvé, l'affrontement serait de loin en sa faveur.

*Prépare toi Higame, car même si Aiko a raison, rien ne m'empêchera de te faire payer pour ce que tu lui a fait...*

En effet, Aiko savait exactement ce qui se passait dans l'esprit de sa mère. Peut-être était-ce pour ça d'ailleurs qu'un double lui était apparu? Pour prouver que ses pensées étaient mises à nu dorénavant?
En même temps, l'ambiance était étrange...Masa pensait avoir entendu Magnus surtir de l'auberge pendant qu'elle même était dehors, mais ne l'avais pas vu. Le jeune homme voulait-il lui parler? Elle éclaircirait ça plus tard. Ce qui la préoccupait, c'était que Magnus n'avait pas l'air dans son assiette. Masa avait réussi à entendre qu'il proposait à Hana de se reposer un peu, mais lui-même devrait en profiter, le vol n'était pas de tout repos entre autres.
La Chevalière remarqua aussi par hasard quelques gouttes de sang à terre, que Aiko repéra également. Remarquant l'intéret de la petite pour ces petites taches rouges, Masa attira l'attention de sa fille et secoua la tête pour lui montrer qu'elle devait de désintéresser du sang de Magnus. Ce comportement lui donna des frissons par ailleurs, avec ce que la jeune femme avait appris...
Ensuite, comme pour chasser ce à quoi elle pensait, Masa appela son compagnon, essayant de faire disparaitre sa crainte.

"Je pense aussi qu'il serait bon de se reposer ici. Moi je ne suis pas fatiguée, mais Hana a certainement du subir un trajet plus pénible que nous..."

Masa porta son regard sur Hana, la jeune Shiff qu'elle avait rencontrée lors d'une sombre affaire. Même si l'évènement s'était passé il y a longtemps maintenant, tout revenait impeccablement dans la tête de la Chevalière. Harima, Vladimir, Hana, tout...Depuis l'instant même où Higame avait ramené Harima, où Masa l'avait aidé pour ses expériences sur le Shiff, mais aussi la confrontation qui s'en était suivi, lors de la revanche du jeune homme...Et après, le mortel affrontement entre Harima et Vladimir, où le machiavélique Chevalier avait vu sa mort arriver.
Comme si Masa elle aussi était au seuil de la mort, tout ce qu'elle avait vécu se retraçait devant ses yeux, au point qu'elle en oubliait presque pourquoi elle était ici...

*Ca suffit, il est hors de question que ça recommence!*

"Magnus..."

Mais Masa ne termina pas sa phrase. Elle venait de se rendre compte qu'elle avait peut-être interrompu quelque chose d'important, et qu'elle accordait trop d'importance à Magnus en ce moment même. La Chevalière n'était pas seule avec le jeune homme, et si jamais Hana devait lui parler, elle attendrait que ce soit terminé.
Se reculant d'un pas, la jeune femme en profita pour donner quelques consignes à sa fille et l'informer sur ce qui allait se passer. Bien sur, elle parla juste assez fort pour que seule Aiko l'entende.

"Nous allons très probablement rester ici encore un peu, Hana doit décider si elle se repose ou pas. En attendant, ne fais pas de bêtises, d'accord? Je compte sur toi petite canaille."

"Oui maman, mais si je ne suis pas fatiguée je peux sortir aller jouer? Je ne me montrerai pas et je me cacherais si des méchants arrivent, comme tu l'as dit!"

"Du moment que tu fais comme je te l'ai dit, c'est d'accord. Et n'oublie pas, si tu rencontres des animaux, n'essaie pas de les poursuivre en volant, sinon tu seras très visible."

"Oh zut...tant pis, je ferais sans."

Souriant à la petite, Masa lui chuchota une dernière phrase qui fit immédiatement sourire Aiko. Visiblement, la Chevalière avait dit quelque chose qui enchantait la fillette, mais pour savoir ce que c'était...
La jeune femme se redressa ensuite, faisant face à Magnus. Elle n'attendait plus qu'une chose maintenant, qu'il l'appelle s'il avait besoin d'elle, sinon elle resterait là tout le temps qu'il faudrait.

Magnus était resté dans un silence gênant, face à Hana, qui ne semblait plus répondre depuis des lustres (XD), et fut ainsi soulagé lorsque AoS s’immisça dans la conversation. Elle semblait croire qu’elle avait faire une erreur, mais lorsque le jeune homme voulu la rassurer, il se souvint de la pulsion qu’il avait eu à l’extérieur. C’est pourquoi il préféra tout simplement rester muet, préférant ne pas regarder Masa dans les yeux.
Par la suite, celle-ci parla à sa fille, qui sembla être heureuse, et qui partit bien vite au dehors. Magnus fut attendrit par ce spectacle, et dit à Misuzu d’aller jouer avec sa nouvelle amie. C’était, à son sens, ce qu’aurait fait Harima; qui n’aurait pas voulu que sa fille s’enferme sur elle-même. Surtout pas avec ce qu’il l’attendait…
Mais peut-être était-ce tout simplement pour qu’il puisse parler seul à seul à son aimée, car le jeune homme congédia Hana dans sa chambre, en l’obligeant à se reposer. Apparemment, elle était si fatiguée qu’elle ne semblait plus pouvoir répondre aux questions des autres.
Ceci fait, le frère d’Harima se retourna et parla à celle qui disait vouloir le servir.

« Kazuo va nous retrouver avant demain soir. »

De but en blanc, il dit l’essentiel de sa pensée, sans prendre de gants. L’heure n’était sans doute plus aux secrets, et le jeune homme en était conscient, c’est pourquoi il se retourna, en indiquant à Masa un lieu au dehors pour s’asseoir. Il pourrait ainsi garder un œil sur les fillettes.

~~~

Le soleil commençait à se coucher, et le paysage prenait maintenant une teinte rouge, presque sanglante. Ce spectacle eut l’effet de donner des frissons au jeune homme. Autrefois, il avait vu le monde de la même façon, mais le sang était réel, dans ce manoir… S’il y avait bien un moment dans la journée qu’il détestait, c’était le crépuscule. En fait, il détestait même ce simple mot, car cela lui rappelait…

« Kazuo, Harima, et moi… »

A partir d’ici, le jeune homme se perdit dans un long discours, le même que celui qu’avait raconté Kazuo à Higame, les détails correspondants parfaitement. Il aborda tous les sujets, les origines du clan, la création des trois frères, la libération, et l’extermination du groupe. Si c’était possible, c’était une chose que le jeune homme aurait voulu garder pour lui, mais comme son frère allait les attaquer, il estimait qu’il était normal que Masa soit au courant des origines de tout ceci.

« Le chef de notre Clan -mon père- croyait à l’extinction de la race Chyroptérienne pure, pour lui, elle est appelée à disparaître… Aujourd’hui, je me dis qu’il avait raison sur ce point, il suffit de nous regarder, toi et moi. Mais nous ne sommes qu’au premier stade de cette évolution, ou plutôt, à sa fin… la génération suivante va bientôt prendre le relais. »

En disant cela, Magnus regarda sa nièce qui semblait s’être fait un petit groupe d’amis avec les enfants de l’hôtel. Ces derniers jouaient à chat, mais ils ne devaient pas se douter que la fillette serait aussi rapide, vu ses origines non humaines. Souriant en la fixant d’un air fatigué, le jeune homme ajouta:

« Nous sommes au crépuscule de la première génération, à vrai dire, mes frères et moi faisons partis d’un programme qui doivent le provoquer, ce programme se nomme ‘Twilight Destiny’. »

Donnant le nom qui avait traumatisé une grande partie de son enfance, le chyroptéra continua à parler. Oh, il ne dirait sûrement pas tout ce qu’il connaissait, mais c’était comme s’il voulait un peu parler de lui. Comme un malade sur son lit de mort qui souhaite laisser une trace de son existence sur Terre.

« Mon père avait sans doute prévu de commencer une autre étape après nous avoir utilisé, mais vu que nous ne savons pas s’il est encore vivant ou pas, nous n‘apprendrons sans doute jamais la vérité. Tout reposera sur les épaules de Misuzu, lorsqu’elle sera grande… »

Serrant du poing en pensant au fardeau qu’il laissait sur les épaules de sa nièce, Magnus fixa sa compagnon droit dans les yeux, et parla d’une voix grave.

« Voilà, je t’ai tout dit, j’ai voulu être honnête au moins une fois dans ma vie, et ne pas cacher quelque chose à celle que j’aime… J’aimerais que maintenant, tu en fasses de même, qu’est-ce qui ne va pas? »

Sa voix était grave, et lourde de conséquence, ses pulsions n’arrêtaient pas… A vrai dire, le jeune homme allait assez mal pour ne pas se soucier des autres; mais si la jeune femme lui mentait, il ne saurait pas quoi faire…

Depuis le départ d'Aiko, Masa n'avait pas du attendre bien longtemps avant d'obtenir une réponse inattendue de Magnus. Elle qui pensait que le jeune homme avait à parler avec Hana, voilà qu'il la congédiait, l'envoyant se reposer. La Shiff n'avait pas adressé un seul mot aux deux autres depuis un bon moment, et c'était certainement le pourquoi de la décision de Magnus de la faire partir se coucher. Réfléchissant à toute allure sans explication, Masa cru un moment qu'elle avait réellement fait une erreur, mais fut rassurée lorsque celui-ci lui adressa la parole, même si ce n'était pas pour lui annoncer quelque chose de joyeux...
Kazuo allait les rejoindre sous peu, disait-t'il, alors que ce n'était ni le lieu ni le moment pour penser à combattre... ll n'y avait qu'à regarder Aiko, Misuzu et les autres enfants s'amuser dehors. D'ailleurs, la Chevalière avait suivi Magnus dehors de manière à également garder un oeil sur sa fille. La voir si insouciante lui faisait presque oublier dans quelle situation elle se trouvait, ainsi que le danger qui pesait de plus en plus sur les épaules de chacun.
Mais alors que la jeune femme pensait que elle et Magnus allaient enfin penser à se reposer, le jeune homme entama un récit qu'elle n'avait encore jamais entendu de sa bouche. Apparemment, lui aussi avait été chargé d'une mission peu agréable, et les mots étaient encore faible pour le dire. Mais le pire fut lorsqu'il parla d'une autre étape, celle où Misuzu et Aiko devraient prendre la relève après eux. Instinctivement après ces paroles, Masa porta son regard sur sa fille, mais un regard attristé mêlé à une peur qu'elle avait du mal à controler. De plus, Magnus lui demanda ensuite ce qui n'allait pas...Avait-il compris ce qui se passait?

*Quelle idiote je fais, il est si attentionné avec moi, et je ne suis même pas capable de lui parler de "ça"...*

"Magnus, je..."

Elle ne voulait pas lui mentir, mais avouer ce qu'elle allait lui révéler n'était pas la chose la plus aisée à faire. Masa avait mal rien que de penser à cette chose en question, et surtout ce qu'entrainait cette chose. La jeune femme avait même du mal à ne pas décrocher son regard plus qu'étrange envers sa fille, mais il était temps de lui dire...

"Je ne sais pas ce que tu as vu exactement tout à l'heure, mais lorsque j'étais avec Aiko... J'ai compris ce que Doctor attendais exactement de moi.
Ma vraie mission m'est apparue, et même si cela semblait irréel, tout cela semblait si vrai... J'ai vu une copie de moi-même, elle me parlait et me disait tout, absolument tout. Le plus ironique dans tout ça, c'est que cette femme c'était..."

Prenant un ton grave, Masa du respirer plusieurs fois avant de révéler le plus important. Cette apparition l'avait hantée, presque traumatisée, et voilà maintenant qu'elle allait parler de cette 'hallucination' à celui qu'elle aimait. Mais tant pis, lui il avait le droit de savoir.

"...Aiko. Cela te semble incroyable, mais je sais que c'était elle. Comment, pourquoi, ça je n'en suis pas encore sure, mais je sais que c'est en partie lié à ce que tu m'as dit à propos de l'étape suivante, celle où Misuzu et Aiko devraient porter ce fardeau. Le pire dans tout ça, c'est que j'ignore la véritable identité de ma propre fille, et que je suis terrorisée à l'idée de lui avoir transmis cette...cette chose qui est en moi..."

Sans prévenir, la Chevalière s'agrippa aux vêtements de son amour, ne pouvant plus retenir sa peur panique. Elle tremblait de toute parts, son corps était devenu incontrolable malgré elle, et son regard était devenu celui d'un enfant appeuré...

"J'ai peur Magnus... Je sais que bientot nous devrons combattre, mais je refuse de te voir blessé, ou pire, mort! Et Aiko...Elle est encore si petite et pourtant elle pourrait être plus dangereuse que moi...Si jamais Higame venait à l'apprendre et qu'il décidait d'emmener mon enfant, je ne sais pas ce que je ferais...Imagine ce qu'il pourrait lui faire!! Déjà moi, il me veut pour ma capacité d'arme, mais si jamais Aiko cache une puissance encore plus grande que la mienne, je ne veux même pas envisager ce qu'il pourrait lui faire...En tant que mère...je ne peux pas...ça me dépasse...J'ai peur de ne pas pouvoir vous protéger tous les deux mon amour..."

Toujours en proie au désespoir, Masa serrait de plus en plus la tunique de Magnus. jamais elle n'avait ressenti une peur aussi grande, et c'est pourquoi son discours semblait peut-être chaotique à première vue. Elle l'aimait, et voulait en même temps protéger sa fille de son effroyable secret, mais la bataille qui s'annonçait la faisait de plus en plus douter, au point qu'elle pensait à présent être incapable d'utiliser sa force pour protéger ceux qu'elle chérissait...

Le jeune femme avait écouté silencieusement son récit, et Magnus l’en remerciait, car s’il avait été interrompu une seule fois, le jeune homme ne pensait pas qu’il aurait pu reprendre ce discours plus qu’effroyable à ses yeux. Lorsqu’il parla de la génération suivante, Masa, elle, regardait sa petite fille avec un air triste, et cela frappa Magnus, qui comprit à ce moment-là que son plus grand trésor était sa fille. C’était bien, et cela le rassurait, car il trouvait que c’était comme ça qu’une mère devait réagir avec ses enfants. Plus le temps passait, et plus le frère d’Harima trouvait que AoS ressemblait à sa mère de ce côté-là, peut-être était-ce pour ça qu’il était tombé amoureux d’elle?
Toutefois, il ne pu continuer plus longtemps à rester dans ses pensées, car sa compagne se mis à raconter son histoire à son tour, comme il l’avait demandé. La sienne était tout aussi étonnante que celle de Magnus; mais si pour ce dernier, c’était un conflit au sein d’une famille; pour elle c’était un conflit au sein d’un seul être. Même dans leurs différences, ils se ressemblaient, pensait-il. Pourtant, la suite de son discours intervint sur… Aiko? Retournant la tête pour fixer cette dernière, Magnus resta quelques peu perplexe. Mais avant même qu’il ne puisse rajouter un mot, Masa s’était déjà jetée dans ses bras.

« Masa… »

Il ne pouvait rien dire qui puisse la consoler, c’était un fait, alors il posa la main sur sa tête, et commença à la tapoter comme il avait pris l’habitude de le faire avec AoS. Peut-être cette dernière s’en souvenait-elle tout au fond de la jeune femme. Après avoir attendu que la Chevalière reprenne son calme, Magnus fit un sourire, et dit avec toute la simplicité du monde:

« Ne t’inquiète pas pour moi, de toute façon, je vais mourir. »

Ce n’était peut-être pas la chose à dire dans ce genre de situation, mais pour Magnus, c’était tout naturel, et il se releva juste après avoir dit ça. Il tourna alors Masa vers la direction d’Aiko et la poussa gentiment vers elle. Ceci fait, il se contenta de rajouter calmement:

« Je ne sais pas ce qu’il se passe, je ne sais pas ce que fera Aiko dans un futur proche; mais ce que je sais, c’est que tu l’aimes et que tu dois profiter de ce genre de moments avec elle. Car après, tu risques de regretter de ne pas avoir pu le faire. »

Elle n'allait vraiment pas bien, et il commençait à regretter d'avoir aborder ce sujet si c'était pour effrayer celle qu'il commençait à considérer comme sa femme. C"esr pour cela qu'il voulait lui faire goûter encore un peu à ce nectar qu'on appelle le bonnheur, pour essayer de chasser toutes ces mauvaises pensées. S’agenouillant lui aussi devant les enfants pour prendre part à leurs jeux, Magnus laissa son discours en suspens pendant quelques dizaines de minutes. Et, après avoir quitté les enfants qui continuaient de jouer de leur côté, il ajouta:

« Et ne dis pas que tu veux nous protéger, occupe toi d’Aiko et de ta personne en priorité. Je ne veux pas que vous soyez blessé par ma faute. De plus… »

Fermant les yeux avec un petit air mélancolique, comme lorsqu’un moment de bonheur s’arrête, et que l’on trouve qu’il n’a pas duré assez longtemps.

« … il arrive. »

En effet, Magnus ressentait la présence de Kazuo, et Kazuo ressentait la présence de Magnus. Ils étaient liés, et même si cela permettrait au moins d’éviter toute attaque surprise, cela ne laissait pas un seul moment de répit au jeune homme.

Masa n’avait pas encore repris son état normal, elle ne savait d’ailleurs plus quoi faire ni penser. D’une part elle devait cacher le secret d’Aiko à toute personne mis à part Magnus, et d’une autre part elle voulait absolument aider son amour dans le combat qui allait se dérouler. Mais voilà, qui pouvait prédire l’issue de la bataille ? Comment Masa pouvait-elle être sure d’arriver à déclencher ses capacités cachées jusqu’à présent ? Rien…Rien ni personne n’était capable de donner réponse à la Chevalière.
Ensuite, Magnus parvint à la calmer en faisant un geste qu’AoS avait connu il y avait peu. Et vu qu’AoS était maintenant fondue avec la vraie Masa, le sentiment de bien-être que Magnus lui avait procuré lorsqu’il avait fait ce geste réapparu. La Chevalière se sentait de nouveau bien, et pour rien au monde n’aurait voulu arrêter cela. Elle ne tremblait plus et tenait simplement celui qu’elle aimait dans ses bras, le laissant lui tapoter affectueusement la tête. D’ailleurs, maintenant, ses pensées étaient uniquement occupées par Magnus, en même temps que la mère jetait de temps à autres un coup œil vers sa fille.
Seulement voilà, le bonheur ne dura que peu…Magnus apprit à la jeune femme qu’il allait mourir. Pourquoi… ? Pourquoi maintenant ? Et, il souriait, comme si c’était la chose la plus facile à supporter. De plus, il poussa Masa vers Aiko, comme si elle devait aller vers sa fille et aller la chercher. La Chevalière laissa cependant Magnus continuer avant de prendre sa décision, elle ne comprenait pas ce qui se passait. Ce n’est que lorsqu’il annonça l’arrivée de Kazuo qu’elle comprit, elle devait réagir.

"Magnus, pourquoi dis-tu que tu vas mourir ? Toi et Aiko, je ne veux vous perdre dans aucun cas, et je ne te laisserai pas mourir…"

La jeune femme était sur le point d’aller chercher son enfant, mais se retourna quelques instants, voulant parler à son amour avant la bataille. Elle ne pu dans un premier temps que le regarder, espérant qu’il avait tort sur son avenir, mais voulant en même temps graver son visage à jamais dans sa mémoire. A ce moment, elle se rendit compte à quel point Magnus incarnait l’être parfait pour elle, il ne comportait aucun défaut, et Masa aurait sans hésitation pu affirmer qu’elle était tombée une seconde fois amoureuse de lui. La Chevalière sourit en pensant à cela, parce qu’elle avait trouvé son but et en même temps parce qu’elle voulait le rassurer.
Décidée, Masa alla chercher sa fille, la prévenant qu’ils allaient avoir de la visite, et revint aux cotés de Magnus.

"Je ne pourrais m’occuper de moi que si je peux garder mon cœur intact, et pour cela je dois vous garder tous les deux avec moi. Sans ça, je ne pourrais pas continuer Magnus…Aiko ne mérite qu’un père capable de la rendre heureuse, et je ne vois pas de père aussi parfait que toi. Je sais qu’elle t’apprécie énormément, et qu’elle aurait voulu que son père te ressemble."

Masa souriait toujours, malgré une petite douleur qui survint pendant qu’elle tenait Aiko dans ses bras, mais n’en tint pas compte. Elle adressa à Magnus une parole qui annonça définitivement ses intentions, et lui-même ne pourrait pas la faire changer d’avis même s’il lui donnait les arguments les plus convaincants.

"Je refuse de te laisser mourir Magnus."

Comme pour lui promettre de rester avec lui pour toujours, Masa l’embrassa longuement, d’un baiser qu’elle voulait être le plus significatif qu’elle ait donné. Elle resta ainsi un moment qui sembla être une éternité de bonheur, pendant que du sang coulait le long de son buste, et dont quelques gouttes atterrirent sur les vêtements de Magnus… Du sang ??

"Que… "

Masa comprenait maintenant d’où venait la douleur qu’elle ressentit depuis un moment, mais elle ne se doutait pas que l’auteur n’était autre que Aiko. Sa petite fille était en effet en train de boire au dessus des seins de sa mère, et se redressa lorsque sa mère s’en rendit compte, souriant comme si elle venait de faire une blague. Mais la petite Chevalière fit également une chose imprévue, elle énonça une phrase plus qu'étrange.

"Ne t’en fais pas maman, ça va aller maintenant."

Et ensuite, un cri retentit à des kilomètres à la ronde, un cri de surprise et de protestation, mêlé à une douleur indescriptible. Le ciel s’assombrit très vite après, pendant quelques temps, et la lumière revint presque aussi vite, mais sur la plage cette fois, là où seule Masa se tenait, les bras levés à l’horizontale et le visage dressé vers le ciel, mais les yeux fermés, un sourire étrange dessiné sur ses lèvres.

"Approchez donc mes petits, maman vous attends avec impatience !"

"Dans cette auberge dis-tu?"

Higame avait été étonné par la précision dont fit preuve Kazuo pour les conduire jusqu'à Magnus et AoS. Higame dû en conclure que les deux frères possédaient un lien dépassant l'entendement, leur permettant de se sentir à des kilomètres à la ronde. Se félicitant de cette chance inouïe, Higame se laissa aller à penser que cette fois-ci, Magnus était fait comme un rat et n'avait aucune échappatoire car même s'il tentait de fuir, Kazuo pourrait le suivre à la trace. Peut-être était-ce le destin mais tout ceci ne signifiait en fait qu'une chose: Certains allaient perdre la vie aujourd'hui... Tout allait enfin se terminer.

Prenant appui sur le sol, Higame observa l'auberge isolée. Kazuo et lui s'étaient postés à l'abri sous les arbres, à environ une centaine de mètres de l'entrée du bâtiment. A première vue, on aurait cru la batisse abandonnée tant un silence pesant régnait autour d'eux. Pourtant, Higame sembla apercevoir des silhouettes qui se voulaient furtives mais qui n'échappèrent pas à la vue perçante du chevalier. Souriant, il se demanda à quoi pouvait bien leur servir de se cacher car d'un côté comme de l'autre, il n'y avait aucun effet de surprise.

"Nous y voilà... Tu as parfaitement réussi à nous conduire jusqu'à eux Kazuo et je suppose que ton frère à également senti ta présence.
Avançons jusqu'au centre de la cour. Si ils ne sont pas trop lâches, ils viendront à notre rencontre."

Joignant le geste à la parole, Higame avança d'un pas tranquille, suivi de son allié. Ils marchèrent ainsi jusqu'à se trouver qu'à 20 mètres de l'auberge, attendant patiemment que Magnus et Ace of Swords montrent le bout de leur nez.
Serrant les poings, Higame sentait l'excitation monter en lui. Il n'avait pas revu AoS depuis assez longtemps et elle aussi. D'ailleurs, il se demandait comment la jeune femme allait réagir à son changement d'apparence... Bien qu'Higame avait su s'habituer à son corps d'adolescent maintenant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir certaines gênes parfois. Ultime cadeau de son frère Hagime pensa-t-il...

*L'essentiel, c'est que je me sens fort. Je briserai la nuque de Magnus à l'aide d'une seule main!*

"Héhéhé..."